
Après trois mois de cours et de vie en Californie, c'est l'heure de faire un petit bilan:
- La Californie, c'est quand même un cadre de vie exceptionnel. Savoir qu'on peut à tout moment prendre une voiture et se balader dans le Marin County au nord du Golden Gate Bridge, le long de la côte, à Napa ou Sonoma, ou bien prendre simplement son vélo et explorer la Silicon Valley, c'est quand même sympa. Je n'oublie pas bien évidemment San Francisco et ses innombrables bars et restos sympas. Et j'oublie encore moins le fait que pour un week-end, il y a Tahoe, Yosemite, Sequoia Park, et à une heure d'avion, LA, Vegas ou San Diego.
- A ce propos, même si la Californie est plus écolo que le reste des USA, avoir une voiture, ou pouvoir en louer une rapidement (grâce à Zipcar par exemple), est presque indispensable. Et le permis coûte une vingtaine de dollars et se passe très (trop?) facilement. Et faire un plein pour 15 ou 20$, quel plaisir!
- Toujours à propos de voyages, vivre un peu "excentré", en Californie, décomplexe un peu vis à vis des moyens de transport. On n'hésite presque pas à passer un week-end à NY ou à Miami alors que c'est quand même à 6h d'avion. Et la France, à 10h (j'ai même fait à peine plus de 9h dans le sens SFO-CDG), c'est prsque la banlieue. Même si on aimerait qu'Air France soit un peu plus sympa sur les tarifs.
- Parlons de Stanford maintenant. Le campus mérite tous les superlatifs que l'on emploie habituellement à son égard. Immense, magnifique, varié, avec des installations sportives assez folles, bref, dur de ne pas aimer, même si Palo Alto n'est pas la ville la plus festive qui soit, et même si San Francisco est quand même à 40 minutes (et je recommande chaudement la magnifique autoroute 280).
- Les élèves à Stanford: très décontractés, accessibles, les relations humaines peuvent sembler un peu superficielles parfois, mais cela dépend. A noter cela dit que les clichés sur les étudiants sur les campus US se vérifient quand même pour la plupart. Cela dit, il n'y a pas grand chose à voir entre l'undergrad un peu geek dont le rêve est de bosser chez Google, la fille un peu rêveuse passionnée de littérature tibétaine, le sportif de haut niveau qui joue au football américain et rêve de faire une carrière en NFL ou encore le doctorant plus posé, parfois brillant, mais tellement choyé dans ce milieu qu'il n'est pas très pressé de finir sa thèse.
- Les profs: là encore accessibles, voire même sympas, et c'est assez impressionnant de passer devant le bureau de prix Nobel ou de chercheurs reconnus.
- Les cours: là, j'ai pas mal de choses à dire. De manière générale, le niveau est assez faible en maths, sauf pour les cours de niveau PhD. Par contre, en info par exemple, on n'est pas dans la Silicon Valley par hasard. Par contre, j'ai du mal avec le système de notation. Plus de la moitié des notes reposent sur des devoirs à la maison, réguliers et très longs (mention spéciale à l'info avec ses mini-projets hebdomadaires qui prennent une quinzaine d'heures minimum). Cela permet d'assimiler les concepts du cours mais l'absence de pression et l'inflation (et même l'écrasement) des notes ne pousse pas à approfondir. Et on se retrouve avec des élèves besogneux et un peu "limite" qui ont de meilleures notes que des bons élèves qui en ont juste un peu marre de passer quinze heures par semaine sur des DM qui sont parfois triviaux.
- Le Honor Code: un peu pénible. En gros, Stanford déclare faire confiance aux élèves et ne pas les surveiller lors des examens en échange d'un engagement à ne pas tricher/copier et d'une obligation de dénoncer si on voit quelqu'un d'autre violer le code. Et malgré cette soi-disant confiance, la plupart des DM sont passés aux filtres anti-plagiat et les contrevenants sont exclus pour un trimestre. En un sens, ça fait un peu réfléchir.
- La finance de marché: c'est définitivement compliqué pour 2009. La plupart des banques anglo-saxonnes disent clairement qu'elles ne recruteront pas, et souvent, il n'y aura même pas de stagiaires en finance quantitative. Les Hedge Funds embauchent un peu, mais ont une préférence pour les élèves en doctorat, et il s'agit souvent d'une offre pour 500 candidats... Il y a quelques offres en Asie cependant dans les grandes banques. En Europe, même des entreprises que l'on pensait épargnées comme BNP seront finalement obligées de licencier. En attendant, les embauches sont gelées presque partout. D'où le dilemne pour à peu près tout le monde: se reconvertir ou attendre?