samedi 31 mai 2008

Des pasteurs, du libéralisme, et des décisions étranges

On avait déjà eu le pasteur aux propos litigieux qui soutenait Obama (appelons-le numéro 1), puis deux autres pasteurs aux déclarations tout aussi embarrassantes qui appelaient à voter pour McCain (2 et 3). Cette semaine a débarque pasteur numéro 4, soutenant Obama, qui s'est distingué en déclarant qu'Obama n'avait pas été désigné pour le moment parce qu'Hillary, en tant que femme blanche, a refusé que l'homme noir lui prenne ce qui lui était dû d'après elle. Ce qui, au mieux, manque de délicatesse.

Bon, je veux bien qu'on s'en foutte un peu, mais ça commence à faire beaucoup. Et même si Obama devrait l'emporter presque officiellement dans les prochains jours (même si, Floride, Michigan... on verra le 31 mai), cela fait de jolies munitions pour les républicains en novembre.

Peut-on être socialiste et libéral? Question qui torture le PS français depuis quelques jours. Delanoë entretient savamment le doute entre libéralisme politique (ou de moeurs) et libéralisme économique. Quel gros mot, répond Ségolène. Pendant ce temps, la quasi-totalité de nos partenaires européens ont vu leur parti socialiste ou social-démocrate admettre les bienfaits de l'économie de marché, tout en imposant un certain rôle de l'Etat afin de se protéger d'éventuelles dérives. Là-bas, "liberal" pourrait presque reprendre sa sgnification américaine, à savoir libéralisme sociétal (et si l'on caricature, gauchisme). Mais on n'est pas encore là en France, quand on voit le poids des archaïsmes, de l'extrême-gauche, bref, on prend du retard. Ce n'est pas nouveau. Et pendant ce temps-là, on assiste à une mini-révolution conservatrice en Europe, avec une droite conservatrice et parfois nationaliste qui s'impose dans diverses élections. Finalement, Delanoë a raison, la gauche est parfois plus libérale que la droite. Mais pas en France. (même si honnêtement ça se joue pas à grand chose, vu le faible poids des libéraux sur la droite française).

A la lumière d'une décision de justice hautement commentée hier, faut-il appliquer bêtement une loi ou tenter de prendre ses distances si on la juge archaïque? J'attends vos dissertations, vous avez six heures...

Une tribu "sauvage" est découverte en Amazonie. Presque des extraterrestres en fait, ils n'ont jamais été en contact avec la civilisation occidentale. D'un point de vue ethnologique, ce doit être fascinant.

Sinon, le boulot va bien, mais le week-end, c'est encore mieux.

dimanche 25 mai 2008

En bref

La Russie remporte l'Eurovision. Le plus étonnant, c'est qu'avec l'importance des votes "entre amis", ce soit seulement la première fois. Si l'on veut revoir un jour cette compétition en dehors des Balkans ou de l'Europe de l'est, il va falloir réformer quand même sérieusement cette épreuve. Mais le veut-on vraiment? Bon, on ne m'enlèvera pas de l'idée que c'est quand même grâce à Plushenko et ses figures que la Russie a gagné.

Palme d'or ce soir à Cannes, mais pour qui, d'après les marchés de prédiction? Peut-être le film d'Eastwood, ou de Wenders, ou alors Che. Mais il faudrait que Sean Penn comprenne que beaucoup de personnes ne veulent pas que Cannes soit mêlé à la politique. On s'est déjà tappé une palme d'or honteuse avec Michael Moore il y a quelques années, ça suffit.

Par contre, ça n'a aucun rapport, mais Chicago (ou peut-être Rio de Janeiro mais c'est moins sûr) organisera les JO de 2016. D'après les marchés, hein. Et l'Allemagne gagnerait l'Euro. Nan, espérons qu'ils se trompent quand même.

C'est la semaine des Season finales des séries US. Et dire que je n'aurai plus d'HIMYM, ni DH pendant des mois. Vivement la rentrée, avec aussi Dexter, Californication, PB (mouaif), Heroes, 24... je me remettrais presque à Lost.

Les étudiants de P1 de Paris V vont repasser deux épreuves dans trois semaines, suite à une perte de copies. Ca m'était arrivé durant mes premiers concours en 2005. Je trouve ça sidérant, ce manque de professionnalisme. L'incompétence à son paroxysme. En plus là, la plupart des étudiants étaient partis en vacances, bref, bonjour l'ambiance.

Google est partout


Bon en ce moment surtout dans les rues du monde entier avec des voitures bizarres pour cartographier, photos à l'appui, tous nos immeubles, maisons, bref, si vous craignez pour votre vie privée, vous allez être servi. Mais bon, sinon, c'est quand même assez fascinant, avec Google Street View, de sa balader virtuellement dans les rues de New York et San Francisco, en regardant autour de soi. Les futurs GPS qui intègreront ça seront quand même sacrément pratiques. Vivement Paris.


Alors, quelle est la suite? Qu'est-ce que le géant de la Silicon Valley va nous trouver pour bientôt?

Sport!


Ca fait quand même deux finales en une semaine ou l'équipe qui domine perd à la fin. Content pour Lyon, peut-être qu'ils pourront un jour se décider à recruter pour faire une perf en ligue des champions. Triste pour Paris, mais bon, il va falloir recontruire, de manière réaliste, et il y aura quand même l'UEFA pour égayer la saison prochaine.


Cela dit, cela m'étonne toujours de voir que le foot est le sport le plus populaire du monde, alors que c'est peut-être celui où il y a le plus d'incertitudes, d'injustices éventuelles, car la meilleure équipe ne gagne pas toujours à la fin. En championnat, sur la durée, si. Mais en coupe, clairement pas. Pensez-y, au basket, on n'a jamais vu la France championne du monde, au rugby l'Italie attend toujours de réaliser de grosses performances, en formule 1, cet après-midi à Monaco, il est très peu probable que Bourdais finisse sur le podium, et à Roland-Garros, le petit-espagnol-énervant-aux-bras-dissymétriques sera sauf blessure au rendez-vous dans quinze jours. Sad for you, Roger. Inutile de dire qu'il vaut mieux ne rien attendre des Français, mais bon, il faudra un jour changer globalement les mentalités dans ce pays, apprendre que participer c'est bien, mais gagner c'est quand même beaucoup mieux.


Euh, je m'égare, tout ça pour dire que ce n'est qu'en foot que l'on voit Carquefou en demi-finale de la coupe de France ou la Grèce championne d'Europe (même si les vrais fans de foot prétendent que cette compétition, l'Euro 2004, n'a jamais eu lieu...). Bref, c'est finalement cette incertitude, cette volonté que les petits battent les gros qui explique, en partie bien sûr, que le foot est le sport le plus populaire. Sauf aux USA, tiens, là-bas, on préfère quand même une finale de NBA Spurs ou Lakers contre Celtics, classique quoi. Il y aurait surement une étude sociologique à réaliser sur le sujet (non je rigole, on s'en fout un peu).


A suivre bientôt, mes pronostics foireux et exclusifs pour l'Euro.

Indy 4


Queue immense, salle pleine, bref, logique, ce royaume du crâne de cristal s'annonçait passionnant. Quelques bémols cela dit, les critiques et les avis des spectateurs, extrêmement partagés. Sur rottentomatoes, le site anglo-saxon de référence, 80% des critiques ont aimé. En France, c'est beaucoup plus mitigé. Même son de cloche en ce qui concerne les spectateurs. Je n'ai jamais vu une dispersion des avis aussi grande sur allocine.
Et je comprends pourquoi. Ne vous inquiétez pas, pas de spoilers à venir a priori. Bon, c'est divertissant, on ne s'ennuie pas vraiment, même si on ne retrouve pas tout à fait l'humour pince-sans-rire de la dernière croisade. L'intrigue est un peu décevante, les rébondissements prévisibles et quelques scènes sont même assez horripilantes, même si les fans d'action seront quand même servis. Finalement, c'est pas une catastrophe, mais j'aurai sans doute beaucoup moins de plaisir à le revoir plus tard.
Ce paragraphe est destiné à tous ceux qui critiquent la vraisemblance du film ou ses incohérences. Ils ont tout à fait raison. Mais repensez un instant aux trois épisodes précédents. Dans tous, sans exception, il y a des nombreuses incohérences, mais on ne leur en a pas trop tenu rigueur. Donc dans ce quatrième volet des aventures d'Indy, ce n'est pas ça qui m'a gêné. C'est plus le caractère assez enfantin de l'intrigue, le manque de charisme des personnages secondaires, y compris les méchants. On se croirait presque dans Tintin, d'ailleurs on reconnaît bien à certains moments que Spielberg en est un fan. Pas étonnant qu'il réalise un film sur les aventures du jeune reporter à la rentrée.
Mais bon, allez le voir, comme ça Spielberg pourra réaliser de nouveaux chefs-d'oeuvre dans le futur.
A part ça, Iron Man, très bien dans le genre. Jackpot, mouaif, c'est pas très futé, mais c'est divertissant. "Tu peux garder un secret", par contre...

jeudi 22 mai 2008

Déjà vu

Quelle finale. Ou plutôt, quelle intensité. Et quelle déception pour Chelsea. Enfin, quel parallèle avec la finale de la coupe du monde il y a deux ans, avec Chelsea dans le rôle de la France et Drogba dans celui de Zidane. Sauf que là, c'est pire, il y a deux poteaux, et ce tir au but pour la gagne, avec la glissade de Terry... le pire dans tout ça, c'est que cette tête à claque qu'est Cristiano Ronaldo a la route dégagée vers le ballon d'or.

Basket: c'est marrant la NBA. 82 (!) matches en 6 mois, dont une bonne partie compte presque pour du beurre pour les bonnes équipes, et des playoffs où tout se joue, mais au meilleur des 7 matches pour limiter les surprises (contrairement au foot américain par exemple). Et pourtant, quelle intensité là encore. Spurs-Lakers, Celtics-Pistons, c'est vraiment pas mal.

Non ce blog n'est pas devenu "l'Equipe" du pauvre, mais bon à part ça, juste le boulot, la défaite-oui-mais-pas-encore-je-me-battrai-jusqu'au bout d'Hillary, et Indy 4 à aller voir, pas grand chose à raconter.

samedi 17 mai 2008

Mais que fait-il?

Il ne blogge pas, ne donne pas de nouvelles, on s'en inquièterait presque... Non, en fait, vu que la fréquentation du blog reste aussi grande, je ne vois pas l'intérêt de me fatiguer à écrire quand je n'ai rien de passionnant à raconter.

Tiens, une chose qui me vient à l'esprit, là. J'ai toujours été fasciné par l'horloge interne de l'homme. En gros, il est relativement aisé de se lever à une heure donnée sous réserve de se dire la veille avant de s'endormir: "C'est à cette heure-là que je dois être prêt". Bon, ça ne marche pas pour des nuits de 3-4 heures, mais pour 7 heures par exemple, cela fonctionne correctement. Souvent à quelques minutes près d'ailleurs. Là par contre, je me détraque un peu. Ca me fatigue un peu de me lever à 7h tous les matins de la semaine, et le weekend, boum, les yeux grand ouverts dès 8 heures. Et impossible de se rendormir évidemment. Allez chercher la logique...

Bon, sinon, c'est quand même ce soir que le PSG joue sa survie en ligue 1. Et même si ça fait un petit paquet d'années que ce club n'a pas vraiment brillé, je garde quand même une affection particulière pour celui-ci. Peut-être parce que j'ai commencé à m'intéresser au foot dans les années 90, à l'époque où pour le PSG, arriver en demi-finale d'une coupe d'Europe était "normal" chaque année. Donc, ce soir, il faut gagner. Ou pas d'ailleurs, ça dépendra un peu de Lens et Toulouse. Parallèlement, l'OL d'Aulas a toutes les cartes en mains pour se diriger vers un doublé historique championnat-coupe. On aime ou on n'aime pas, mais d'un point de vue business-model, quelle réussite.

Enfin, pour les X qui lisent ce blog, ceux en troisième année, j'ai le regret de vous annoncer que si vous avez oublié de démissionner d'un Corps de l'Etat alors que vous ne vouliez pas y aller, vous devez désormais plusieurs dizaines de milliers d'euros à l'Etat. Rigolez pas, c'est déjà arrivé.

jeudi 8 mai 2008

Bon pour Obama?


Obama facilement en Caroline du nord, Hillary de peu dans l'Indiana, finalement ce n'est pas si éloigné que ça des prévisions, et pourtant la plupart des éditorialistes enterrent aujourd'hui les chances de l'ex first lady. Pourquoi?


Déjà, do the math. Pour les délégués, elle en aura 100 à 200 de retard, même si les primaires restantes lui sont plutôt favorables. Et surtout, les superdélégués, qui s'inquiétaient jusqu'à présent de l'incapacité d'Obama à réaliser de bons scores dans des états majoritairement blancs et "middle-class" seront un peu rassurés par son score dans l'Indiana (même si Hillary leur rappellera que quand même, nominer un candidat démocrate qui ne gagne ni à NY, ni en Californie, ni dans l'Ohio, ni en Pennsylvanie, ni en Floride (hum), ça fait désordre).


Donc bref, à moins d'un coup d'éclat sensationnel d'Hillary, c'est mal barré. Mais jeter l'éponge, elle, maintenant? Peu probable, elle voudra surement terminer les primaires sur une bonne note. Maintenant, jusqu'à la convention? Ce serait dangereux pour les démocrates mais après tout...


La question qui est maintenant sur toutes les lèvres est: "qu'est-ce qui va se passer maintenant que la course est presque vraiment lancée?" Question qui en contient d'autres: qui seront les vice-présidents potentiels, quels résultats foireux vont donner les sondages à venir, quels seront les nouveaux swing-states et surtout, que vont faire ces 25 à 30% de démocrates qui déclarent qu'ils préfèreraient voter pour McCain plutôt que pour Obama?


L'histoire montre qu'en fait, il y a eu moins de 10% de "cross-votes" à chaque élection, mais là, avec ces primaires très polarisantes, le travail de reconstruction, la volonté d'unité seront capitaux pour les démocrates.



En tout cas ça promet.





PS: le problème quand on se lève tous les matins à 7 heures, c'est d'apprendre à dormir plus quand on en a la possibilité.

dimanche 4 mai 2008

Over and over again


Ca fait un petit moment que je n'ai pas parlé des primaires américaines (démocrates). C'est pas vraiment de ma faute, c'est juste que c'était un peu embourbé dans des détails pas vraiment passionnants et qu'il n'y avait pas de primaires qui approchaient. Mais voilà qui a changé hier avec la capitale primaire de Guam, territoire américain du pacifique, où Obama a remporté une magnifique victoire sur Clinton avec 7 voix d'avance... Bon OK, on s'en fout un peu.


Par contre, il y a quelque chose de changé dans l'ambiance de ces primaires, quelque chose d'électrique, il y a du KO dans l'air. On savait qu'Obama pouvait s'imposer en cas de victoire contre Clinton dans les prochaines primaires de Caroline du Nord et de l'Indiana, surtout que les sondages étaient encourageants, et qu'il bénéficiait de l'appui de super-délégués influents. Mais quelque chose s'est "brisé" autour de sa candidature. Peut-être est-ce dû à l'image persistante de son ex-pasteur sulfureux, peut-être est-ce dû à des sondages très peu encourageants dans les swing-states contre John McCain (Floride, Ohio, Pennsylvanie), même s'il ferait mieux que Clinton dans les bastions traditionnels républicains (mais suffisamment pour s'y imposer?). Bref, Clinton a de nouveau ses chances dans les deux prochaines primaires, et les parieurs en ligne ne s'y trompent pas, en faisant doubler en quelques jours sa probabilité de victoire (bon ça reste à 25%, c'est pas non plus la fête).


En fait, c'est deux visions des élections de novembre qui s'affrontent (parce qu'une fois encore ce n'est pas le programme électoral qui permettra de trancher). La première, c'est celle traditionnelle, d'une candidate démocrate (Clinton) qui perdra largement dans les fiefs républicains du midwest mais s'imposera sur les côtes, et a une bonne chance de remporter les états décisifs que sont l'Ohio ou la Floride. La seconde, c'est un pari plus risqué, où Obama pourrait perdre des bastions démocrates (Pennsylvanie, certains parlent même de NY mais j'y crois pas trop...) en partie à cause de démocrates qui préfèreraient McCain, mais compenserait cela en s'imposant dans des fiefs républicains du sud ou de l'ouest (Nevada, Nouveau-Mexique)... pourquoi pas.


Quoi qu'il en soit, certains parient sur de forts mouvements de super-délégués si un candidat parvient à remporter les deux primaires qui se profilent. Y compris éventuellement dans le sens Obama-> Clinton, ce qui serait une première. Mais n'oublions pas le scénario le plus probable: Hillary gagne l'Indiana et Obama la Caroline du Nord, et c'est reparti encore pour quelques semaines...
Pendant ce temps-là, McCain continue tranquillement sa campagne, avec des chances réelles de s'imposer, et un choix de son VP qui risque de revêtir une grande importance. Ah oui au fait, les primaires, c'est mardi.

vendredi 2 mai 2008

De l'éducation des patrons du CAC 40 et du système éducatif français


Fact number one: dans le très sérieux classement de l'Ecole des Mines (ah ah!), les (grandes) écoles françaises sont parmi les meilleures du monde. C'est bon, vous pouvez vous rendormir, oubliez le calamiteux classement de Shangai.


Fact number two: si vous interrogez quelqu'un qui postule à un poste sélectif (du genre finance ou conseil en stratégie), il a toutes les chances de vous dire que le système est pipé en France, que tout est lié à l'Ecole, que c'est bien mieux ailleurs.


Quel est le lien entre ces deux constatations? C'est très simple. Le classement de l'Ecole des Mines ne sert pas à grand chose (si ce n'est prouver qu'en partant d'un certain critère on peut arriver à classer n'importe qui parmi les meilleures universités du monde). Il permet néanmoins de constater qu'il y a certains pays où les dirigeants sont formés dans un pool très restreint d'écoles. Le Japon, par exemple (à Todaï notamment), et donc la France. Au dernier décompte, sur les 40 numéros 1 des entreprises du CAC, 11 ont fait l'X, 8 HEC, 4 Sciences Po, le reste se partageant entre Ponts, Mines, Centrale, ESSEC, ESCP... Je n'oublie pas que la plupart des dirigeants ont une double formation, un Corps de l'Etat (Mines, même s'ils sont en voie de disparition apparemment, ça a bien chuté depuis cinq ans, ou Telecom), et surtout l'ENA (10 patrons, le plus souvent après Sciences-Po, l'X ou HEC), même si là encore je pense que ce nombre est appelé à diminuer. A noter la très faible reconnaissance du MBA au sommet des entreprises, pour le moment du moins, mais cela va surement changer, vu comment ça se passe à l'étranger, et vu aussi le nombre de très bons étudiants français qui décrochent ce prestigieux parchemin (à Harvard, Stanford, l'INSEAD, Columbia, au MIT... il est dommage de constater que Wharton, Kellogg ou Chicago sont un peu boudés alors que ce sont de top MBA aux US).


Mais à part ça, les exceptions se comptent sur les doigts d'une main(un PhD ici, deux avocats là, sans oublier les quelques rares étrangers et les "héritiers"). Est-ce normal, ou même sain? Je ne pense pas que ce soit vraiment néfaste à la santé de nos entreprises, qui étaient, c'est vrai, jusqu'à il y a peu de temps, cadenacées par les grands Corps. Pour preuve, elles sont plutôt en bonne santé, et nous disposons de quelques leaders mondiaux. Bien évidemment, il faut que les dirigeants fassent leurs preuves en entreprise, mais il n'est pas impossible de penser que des gens qui ont été brillants toute leur vie vont continuer à l'être à la tête d'une grande firme (évidemment il y a des exceptions).


Une idée préconçue est qu'aux Etats-Unis (par exemple), il est bien plus facile de réussir sans être passé par une école prestigieuse. C'est un peu vrai en ce qui concerne les patrons, qui ont fait leur preuve au cours de leur carrière en entreprise, encore que... Mais pour les jeunes diplomés, il est à mon sens aussi dur d'entrer chez Goldman Sachs ou McKinsey qu'en France. En effet, il y a là-bas aussi des facs cibles (Ivy league, Stanford, MIT...) analogues à nos écoles cibles (les parisiennes en commerce et le top 4/5 chez les ingés).


En un sens, c'est un peu plus ouvert car il est toujours possible d'être reçu en entretien en sortant par exemple de l'université du Texas (classée peut-être 20 ou 30ème mais leader régionale) car justement, certaines facs ont une vraie zone d'influence. C'est d'autant plus vrai que le tamis de sélection des universités américaines et bien moins fin que notre système de concours. Certes, il est très dur d'être admis à Harvard (10% environ), mais ce n'est pas une garantie assez importante pour les grandes entreprises. Une fois admis, il faut assurer de très bonnes notes pour postuler aux entreprises les plus prestigieuses, et c'est loin d'être le cas en France. De plus, aux Etats-Unis, on voit parfois des étudiants refuser une top school pour une université locale moins prestigieuse mais où ils ont obtenu (par exemple) une bourse complète. Ce qui explique que des boites prestigieuses viennent quand même les recruter. En France, des étudiants qui refusent HEC pour l'ICN Nancy, ça ne se voit pas (attention je n'ai rien contre Nancy, hein, c'est juste un exemple). Tout est beaucoup plus hiérarchisé. Sans oublier le fait qu'à part certains étudiants qui partent en médecine ou en droit, les Grandes Ecoles (ingés et commerce) sont souvent vues, à tort ou à raisons, comme les filière les plus prestigieuses en France (alors qu'aux US c'est plutôt le droit ou médecine justement, et même un brillant étudiant en histoire à Yale a toutes les chances d'être assez brillant pour être recruté n'importe où, sélection oblige).


En résumé, oui, les entreprises françaises sont encore dirigées par des personnes sorties d'un nombre restreint d'écoles, mais le système fonctionne (pour le moment) assez correctement. Et non, l'élitisme n'est pas uniquement une notion française. Si des milliers de Français sont partis travailler à Londres dans la finance, ce n'est pas parce que les standards de recrutement sont moins élevés, c'est tout simplement parce qu'il y a plus d'opportunités!


PS: pourquoi les grands patrons sont-ils payés aussi cher? Réponse simple: "Economics of superstars", article fameux de Sherwyn Rosen. Ils sont peu nombreux à être capables de maîtriser les subtilités de l'administration d'une grande entreprise, ils rapportent bien plus à leur entreprise, ont une grande réputation, bref des stars, un peu comme des footballeurs, avec des salaires comparables. Evidemment, il faut les rémunérer en grande partie par rapport aux performances de leur entreprise, mais sans vouloir polémiquer, il me semble que la part du variable dans le salaire des footballeurs est extrêmement faible, non?

jeudi 1 mai 2008

Pourquoi les clubs anglais dominent-ils l'Europe?


Déjà quelques petites remarques:


  • Ce n'est pas un fait unique dans l'histoire du foot européen. L'Espagne était au début des années 2000 la nation dominante, avec par exemple une finale de ligue des champions entre le Real et Valence. L'Italie dominait les années 90. Vous allez me dire: tout ça c'est à cause de cette ligue des champions qui accueille en fait une majorité d'équipes qui ne sont pas championnes de leur pays. Certes. Mais même avant, au début des années 80, il y avait quatre équipes allemandes en demi-finale de la coupde de l'UEFA. Et je suis désolé, mais même s'il y a trois clubs anglais en demi-finales, je préfère un Chelsea-Liverpool, surtout comme celui d'hier, à un IFK Gotebork-Hadjuk Split.

  • Raison numéro 1, donc, le fric. Evidemment, il faut des bons joueurs, il faut les payer, les acheter, et après s'ils jouent bien ensemble, ça rapporte de l'argent. Cercle vertueux, quoi. La corrélation entre budget des clubs européens et coefficient UEFA (en gros leur classement) est d'ailleurs pas très loin de 1 (ou du moins très élevé). Ca n'empêche pas les histoires de Cendrillon, comme cette édition 2004 avec Porto-Monaco en finale, mais ça ne dure pas.

  • Comme tout le monde n'a pas la chance d'avoir Abramovich derrière, la question principale est: comment générer de l'argent. Les droits télé: ça on a en France, ils sont élevés, mais il est vrai, répartis entre toutes les équipes du championnat. Alors que bon, Sochaux-Strasbourg, c'est moins glamour que Lyon-Marseille.

  • Le stade: il est capital que les gens aient envie d'aller au stade, d'y passer du temps, si possible en famille. Donc il faut être propriétaire d'un stade, et le rendre convivial (exemple d'Arsenal, et peut-être bientôt de Lyon). Ah oui, qui dit familial, dit en finir avec les extrêmes. Je ne dis pas que l'exemple anglais avec le prix des places triplé et l'exclusion à vie des stades pour les supporters violents et à reproduire à l'identique, mais on peut s'en inspirer.

  • Le marketing: on n'a pas vraiment la culture "club de foot" en France. Disons que les supporters l'ont bien sûr, mais bon, ils achètent une écharpe et basta. On n'est pas en Angleterre où la quasi-totalité des habitants d'une petite ville de 5000 habitants s'habille intégralement dans les couleurs de l'équipe locale et va assister au match religieusement alors qu'il s'agit de la troisième ou quatrième division. La situation est comparable en Espagne, en Italie, et en Allemagne. Si l'on ne peut pas conquérir le marché français, autant s'exporter à l'étranger, faire des tournées, acheter un joueur chinois, bref, il y a plein de possibilités, qui font qu'aujourd'hui des clubs anglais de seconde zone sont plus connus que le champion de France en Asie ou en Amérique.

  • Bon, un peu de sportif. C'est bien de former de très bons joueurs (encore qu'en France, je trouve que de manière général, la comparaison des qualités techniques des joueurs de notre championnat avec leurs homologues espagnols par exemple n'est pas flatteuse). Il faut leur faire confiance. Et à l'inverse, les "vieux" joueurs, il faut aussi leur faire confiance, il n'y a qu'en France que l'on considère qu'à 30 ans, un joueur est fini. Ah oui, autre chose, plus les effectifs sont stables, plus les performances sont durables. Et j'en ai marre qu'on vire l'entraineur dès que ça ne va pas.

  • Evidemment, le sportif rejoint le financier pour ce dernier point. Les clubs français souffrent d'une fiscalité très désavantageuse. Les joueurs payent beaucoup d'impôts, et les clubs payent beaucoup de charges sociales. On ne peut pas lutter. Mais comment créer une mesure d'exception sans s'attirer les foudres des autres sports? Ah d'ailleurs, les comptes des clubs français sont à peu près clean, merci la DNCG, mais une harmonisation européenne serait plus que sympathique...

Bref, tout ça n'est pas rose pour les clubs français, à part peut-être Lyon qui risque de s'ennuyer un peu en France (trop facile) et de se faire avoir chaque année en coupe d'Europe (un peu trop haut, encore que, il faut se battre plus, à la Liverpool, quoi! Contre Manchester, c'est pas passé loin). Heureusement qu'il y a l'Euro dans moins de deux mois, ça sera dur, mais bon je ferai mais petits pronostics dans quelques semaines...