samedi 2 février 2008

NEK


Sous cet étrange pseudonyme se cache une femme, professeur, chercheur, pionnière dans les mathématiques financières qui sont tellement à la mode ces temps-ci: Nicole El Karoui. (http://www.dailymotion.com/relevance/search/dea+karoui/video/x48o9j_deakaroui-envoye-special_news )

Pour son parcours, vous pouvez faire un tour sur wikipedia. Outre sa renommée dans le domaine de la recherche, NEK est surtout connue pour avoir fondé il y a une quinzaine d'année un master ( alors appelé DEA) en probabilités et finance, cohabilité par l'université Paris VI et l'Ecole Polytechnique. Elle enseigne par ailleurs à l'X. Ce master est une formation de haut vol en probabilités, méthodes numériques, programmation, statistiques (un peu moins en fait) , le tout appliqué à la finance. Le but: former des "quants", analystes quantitatifs en finance, qui crée des modèles utilisés dans les salles de marché des grandes banques d'investissement. Parmi les autres débouchés, il y a les métiers de structureur ou de trader, mais cela reste extrêmement spécialisé dans le domaine des produits dérivés exotiques (càd complexes). Les autres domaines de la finance ne sont pas abordés, mais ce n'est pas le but (même si NEK réfléchirait à augmenter la dose de stats dans le master, vu que le domaine de l'arbitrage statistique, voire de l'écono-physique, seraient en plein développement aujourd'hui, dans les banques et les hedge funds).

Le site http://www.masterfinance.proba.jussieu.fr/ donne plus d'informations sur les enseignements, les entreprises qui embauchent, les débouchés. Parmi les infos à noter: le programme est très intense (cours tous les jours concentrés en gros d'octobre à janvier, puis électifs en février et mars et stage à partir d'avril). Il est en théorie de travailler à mi-temps durant le cursus. Une moitié des diplomés va travailler à Londres, en raison du salaire, souvent une fois et demi plus élevé qu'en France, sans compter les bonus qui peuvent grimper très vite. Et en France, les banques comme BNP ou la SG sont très réputés dans le domaine des dérivés exotiques (notamment sur actions, ainsi que les produits structurés), et comme il y a moins d'eployeurs potentiels à Paris, la sélection est rude, d'où l'exil à Londres pour de nombreux étudiants. Mais en ce moment, vu la situation morose, il n'est pas évident detrouver un job intéressant.

Mais que faire pour intégrer cette formation prestigieuse, au point que le Wall Street Journal en a fait l'éloge (http://www.columbia.edu/cu/alliance/documents/Education/Article_NEK_WSJ.pdf) , et que la plupart des salles de marchés quantitatives sont dominées par des Français, même à Londres (ce n'est pas encore vrai à NY, où les asiatiques l'emportent car sont plus nombreux à y étudier, et le PhD est encore le diplôme de référence pour les postes très quantitatifs)?

Sur les 80 étudiants admis chaque année, c'est assez sélectif, une trentaine vient de Polytechnique, une vingtaine d'autres écoles d'ingé (Centrale par exemple, mais il est de plus en plus délicat dans certaines écoles de le faire en parallèle de la troisième année). Pour d'autres écoles, un M1 de maths (à Paris 6) est recommandé. Il y a en général moins de 10 étudiants
venant de la fac, une majorité venant de P6 avec mention (bien si possible, mais vous pouvez toujours tenter le coup). Enfin, quelques profils atypiques (doctorats, agrégés en maths, professionnels de la finance), et quelques étudiants d'écoles de commerce (2 ou 3 de l'ESSEC, pareil pour HEC, mais ça va peut-être augmenter avec le très bon M1 en commun X-HEC "quantitative economics and finance").

D'un point de vue plus personnel, j'espère être admis à cette formation, et si c'est le cas, j'aurai alors un sacré dilemne avec Stanford (et peut-être d'autres universités anglo-saxonnes dont les résultats ne son pas encore parus, comme NYU ou les anglaises). Le programme de Paris 6 est plus théorique, plus poussé, plus pointu, idéal pour travailler en Europe, et quasi-gratuit. Mais il est plus orienté quant que trading, n'est pas encore très reconnu à New York, et manque à mon sens de certains cours de stats en se focalisant uniquement sur les dérivés, contrairement à l'ENSAE (où le cursus est vraiment pas mal, avec des intervenant comme Bouchaud, n'hésitez pas à regarder son bouquin d'écono-physique sur amazon.com; d'un autre côté, E. Bacry enseigne à Paris 6 à partir de cette année, c'est pas mal non plus), Paris VII (Master Modélisation aléatoire de Laure Elie), ou même les Etats-Unis. Bref, déjà que j'hésite entre différents programmes aux US, je ne sais toujours pas si ça vaut vraiment le coup de partir à l'étranger pour finir mes études (même si l'aspect plus pratique et professionnalisant des enseignements et le brand-name éventuel de l'université compensent à mon sens les frais de scolarité élevés...)

Mais j'en reparlerai sans doute plus tard.

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