vendredi 24 avril 2009

Coach class


Prendre l'avion "à l'américaine", c'est quand même assez sympathique: on imprime sa carte d'embarquement 24 heures avant le vol, on emporte juste un bagage à main (qui peut tout de même peser 18 kilos et avoir des dimensions convenables), du moment qu'il n'y a pas d'objet tranchant ou de liquide dedans, on arrive à l'aéroport trois quarts d'heure avant le vol histoire d'avoir un peu de marge (évidemment, gare à la circulation à JFK par exemple), on passe les contrôles de sécurité rapidement (je n'y ai jamais passé plus de dix minutes, les gens ont l'habitude), et voilà!

A bord, Delta airlines a trouvé un nouveau moyen de gagner de l'argent (car il faut rappeler que les marges des compagnies aériennes sur les vols intérieurs sont très faibles, ce qui les poussent à tout rendre payant: en général la nourriture, les écouteurs, les bagages en soute etc): il y a désormais des écrans individuels (très bien!) sur les vols intérieurs, avec films payants (à 6€! aïe...), WI-FI (également payant, une douzaine de dollars, re-aïe, mais bravo pour l'avancée technologique), et télévision gratuite en direct, ce qui est extrêmement sympathique quand on a peur de louper le match de l'année. Evidemment, comme tout le monde voyage de la sorte, il n'y a jamais assez de place pour les valises de tout le monde en cabine, et comme les aéroports sont surchargés, il faut être prêt à attendre souvent une bonne heure au roulage.

Ce qui m'amène à un autre sujet. On parle ici beaucoup de grands travaux d'infrastructure, avec la crise, et la question d'un train à grande vitesse revient souvent. Il ne s'est jamais développé aux Etats-Unis à cause des grandes distances et de la "culture de l'avion", même dans les petites villes, mais certains pensent qu'il serait bon de le construire, en Californie, Floride ou sur la côte est notamment. Mais j'ai quelques doutes concernant la réussite de ce projet, en Californie notamment:
  • Ici, jusqu'à présent, quand on parlait de grande vitesse, c'était souvent 150 à 200 km/h (c'est en train de changer). Et évidemment, c'est beaucoup moins intéressant en dessous de 250 ou 300 km/h. Le problème étant que les entreprises Américaines capables de réaliser un tel train sont très peu nombreuses, et que recourir au service d'une entreprise française, allemande ou japonaise serait assez mal vu.
  • D'un point de vue économique, on a coutume de dire en France que le train "bat" l'avion pour les distance inférieur à 3 heures/ 800km (de Paris, ce n'est pas un hasard si seuls Nice et Toulouse sont les destinations intérieures qui marchent encore correctement). Mais ici, cette distance serait peut-être raccourcie. Prenons le trajet San Francisco-Los Angeles. L'avantage des gares européennes est qu'elles se situent en général en centre ville. Mais ici, la construction de nouvelles voies obligera peut-être à construire également de nouvelles gares, peut-être en périphérie. De plus, l'aéroport de San Francisco n'est situé qu'à une dizaine de minutes en voiture de la ville; l'aéroport de Los Angeles est situé au plein coeur de LA, et par ailleurs, le centre ville, à LA, ça n'existe pas.
  • De plus, 15 minutes de voiture, trois quarts d'heure à l'aéroport, à peine une heure d'avion, et à nouveau quelques dizaines de minutes de voiture, ça reste mieux, quoi qu'il arrive, en terme de durée, que trois heures de train.
  • Enfin, des investissement structurels aussi lourds (40 milliards de dollars, ce n'est pas rien) ne pourraient être rentabilisés qu'avec des tarifs assez élevés qui auraient du mal à concurrencer l'avion (100$, c'est pas énorme pour un SFO-LAX).
  • Bon, il ya tout de même l'argument écolo, qui pourrait faire mouche en Californie, mais j'attends de voir.
Bref, critiquer les Etats-Unis pour leur manque d'investissement dans des lignes de train à grande vitesse est assez facile depuis la France, mais il faut bien tenter de comprendre les spécificités des problèmes de transport ici. Ceci étant dit, la situation serait sans doute plus favorables sur la côte est, dans la région des grands lacs ou en Floride.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Concernant le premier point, quand on voyage au sein de l'espace schengen avec une valise de cabine, on n'a pas besoin d'arriver plus d'une demie heure avant le départ de l'avion... ca n'est pas tellement une spécificité des Etats Unis..
(Et toutes les compagnies un minimum sérieuses proposent le billet électronique aussi).

idx a dit…

Tout a fait d'accord, mais je me place plus d'un point de vue "culturel". Sur mon dernier vol intra-Schengen (Paris-Rome), au moins les trois quarts des passagers ont mis leurs bagages en soute. Et l'impression "a domicile" de la carte d embarquement n etait pas forcement disponible (c'est possible desormais avec Air France mais pas Alitalia par exemple).

Sur un vol New York- San Francisco avec 160 passagers, seuls 10 (!) avaient fait enregistrer leurs bagages en soute. Et d'apres ce que j ai vu lors de l embarquement, une bonne partie des passagers disposaient d une carte d embarquement qu ils avaient eux memes imprimee.

sylvain a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
sylvain a dit…

Quand vous parlez de 40 milliards d'investissement, c'est juste pour la Californie ? et si oui pour pour un réseau de quels tailles ?

Dans le plan de relance il est prévu par Obama de construire un TGV us avec 8 milliards donc on peut penser qu'il ni aura pas d'exportations pour l'AGV mais peut être collaboration ?

Troisième chose,j'avais lu qu'au usa peu de trains passagers dépassaient les 150 km/h est-ce vrai ?

idx a dit…

40 milliards, ce serait juste pour la Californie, l'Etat fédéral injecterait une partie seulement du budget, l'Etat de Californie une autre partie, et des partenaires privés seraient à trouver. Les estimations les plus optimistes parlent de près de 100 millions de passagers annuels. D'autres pensent qu'on aura du mal à atteindre 30 millions.

Et effectivement, en l'état actuel, peu de trains ont une vitesse simplement comparable avec les trains Corail français par exemple. Pour info, le trian le plus rapide est l'Acela Express, de Boston à Washington. Il serait capable en théorie d'atteindre 300 km/h, mais les voies ferrées le limitent à 250 km/h, et encore sur de très rares sections. Ce qui fait qu'en moyenne, sa vitesse n'est que de... 138 km/h. Ce qui explique que même pour un NY-Boston, l'avion peut se révéler préférable, et même la voiture.

sylvain a dit…

paris Toulouse aller simple en éco, on n'en a pour 60 euros et au usa 100§, il y a un problème non ?

idx a dit…

100$, c'est pour un aller-retour San Francisco-LA (donc en ce moment ça fait dans les 75€). Evidemment, ça dépend un peu de la date, de l'heure etc, mais comme pour un Paris-Toulouse. Prenons un exemple concret, je veux me faire, fin mai, un week-end à Toulouse (en partant de Paris) vendredi soir, après le travail, et en rentrant dimanche en fin d'aprem ou début de soirée et comparons cela avec un week-end de San Francisco à LA dans les mêmes conditions. Le moins cher que je trouve, c'est 227€ avec Easyjet pour Paris-Toulouse contre 98€ avec United sur SFO-LAX (avec Southwest et Virgin offrant des tarifs presque similaires).