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samedi 9 janvier 2010

Boursiers, grandes écoles, quotas


La polémique actuelle qui a lieu en France à propos de l'instauration de quotas de boursiers dans les Grandes Ecoles est assez intéressante pour moi, (si on enlève les torrents de démagogie qui se déversent de part et d'autre), étant donné que je suis passé par les systèmes éducatifs Français et Américain (temple de la discrimination positive).

Quelque mots d'abord sur l'éducation aux Etats-Unis. Avant l'université, l'Ecole est extrêmement fragmentée et décentralisée aux Etats-Unis. Les programmes scolaires sont définis état par état, les écoles privées sont extrêmement chères et réputées dans les milieux sociaux aisés notamment sur la côte Est (malgré la création d'écoles publiques d'élite dans certains états), bref, le niveau est extrêmement hétérogène, entre les élèves qui obtiennent le diplôme de leur lycée (il n'y a pas d'équivalent national du bac) et qui n'ont pas une once de culture générale et ceux qui ont déjà pris de l'avance sur les cours d'université (les fameux advanced placement programs). Mais contrairement à la France avec son collège unique et ses lycées qui se veulent être le ciment de la République, l'Ecole aux Etats-Unis n'a pas, je pense, cette prétention-là. En fait, c'est l'université (le "college") qui occupe ce rôle, et qui tient une place prépondérante dans la construction de ceux qui feront plus tard l'Amérique.

Quelques remarques: je l'ai dit, l'école avant l'université, c'est un peu la foire, très décentralisée, aucun diplôme de référence, bref il est très dur d'organiser un examen ou un concours national de type bac ou même une sorte de concours de grande école à la Française qui serve pour l'admission dans les universités. La notion de concours n'est d'ailleurs pas du tout ancrée dans les mentalités. La solution: on fait passer des tests standardisés, les SAT, à tous les étudiants (principalement des QCMs, imaginez, de quoi faire bondir les enseignants Français), et ceux-ci ne seront qu'un élément parmi d'autres dans un dossier pour une fac. On y ajoutera une lettre de motivation, des lettres de recommandations et les notes obtenues au lycée bien sûr (mais très honnêtement, avec l'inflation des notes, tous les bons étudiants se retrouvent presque avec un score maximum, et il est dur d'évaluer la valeur de chaque lycée). On secoue tout ça bien fort, et voilà qui nous donne une admission (ou non) dans une université (réputée ou pas).

Certains étudiants peuvent légitimement s'estimer lésés par le système d'admission mais en moyenne, vu qu'on postule à de nombreuses facs et que la hiérarchie n'est pas aussi strictement définies que pour les Ecoles françaises (voir mon billet sur la sélectivité des facs US), la plupart des étudiants s'y retrouvent. Et comme la sélection se fait sur dossier et ne suit pas vraiment de critère rigoureux, on peut y ajouter un peu de cette fameuse discrimination positive. Celle-ci concerne les minorités bien sûr (blacks et latinos principalement, on estime que les Asiatiques n'en ont pas vraiment besoin vu le bon niveau des étudiants, malgré les discriminations anti-Japonaises pas si vieilles que ça), mais aussi les élèves issus de "dynasties" (ceux dont les parents ont fréquenté la fac à laquelle ils postulent), et les spportifs de haut niveau (sur ce point, il ne faut pas oublier que le sport est fondamental dans la culture américaine, qu'il n'y a pas d'équivalent de l'INSEP, que les sportifs professionnels américains passent tous ou presque par l'université, et qu'au moins, ceux qui échoueront à faire de leur passion leur métier auront un diplôme universitaire, ce qui n'est forcément le cas en France...)

La discrimination positive est donc noyée dans une sélection qui comporte déjà pas mal de facteurs aléatoires. On pourrait s'inquiéter du niveau des étudiants. Est-ce si grave que ça? Eh bien cela dépend, puisqu'à l'université, durant le premier cycle (les quatre années de bachelor, le diplôme classique), le niveau est assez bas, l'inflation des notes est importante, mais qu'importe, vu que pour de nombreux métiers, l'opinion générale est qu'on n'utilisera pas forcément ce qu'on a appris à l'école. Pour ce qui est des métiers techniques ou scientifiques, là, le niveau est un peu meilleur, mais la sélection est pyramidale (contrairement à la France), et de nombreux étudiants, ceux qui sont motivés, envisagent de faire un doctorat, qui est le véritable diplôme d'excellence scientifique, et pour lequel la sélection est très dure. Ce qui fait qu'à ce niveau-là, le niveau n'est pas moins élevé qu'en France, malgré le mode de sélection différente. Le léger problème, c'est que le laxisme du système éducatif américain au lycée et dans certaines facs fait que seuls les élèves qui ont été dans les bons lycées et ont eu le courage de suivre un cursus plus difficile que leurs camarades à la fac ont une chance de faire un doctorat, scientifique notamment. Et donc dans ces matières, leur nombre est très faible. La plupart des étudiants à ce niveau sont étrangers, d'Asie notamment. Cela pourrait être grave, mais comme beaucoup travaillent ensuite aux Etats-Unis, grâce au pouvoir d'attraction de ce pays, le niveau de la recherche reste très élevé.

On peut aussi ajouter que pour les autres véritables filières d'élite aux Etats-Unis, que sont le droit et la médecine, il y a une autre sélection qui s'effectue après quatre ans d'étude. Bref, dans le système américain, on arrive aussi à obtenir une "élite" par filtrages successifs, ces filtres ne se résumant pas à un concours. C'est plus aléatoire mais cela permet d'incorporer une discrimination positive sans trop faire jaser.


Une petite parenthèse sur le coût de l'éducation, qui est élevé (5000, 10000 voire parfois plus de 30000 dollars l'année) mais il y a de très nombreuses bourses pour les étudiants issus de milieux défavorisé ou même des classes moyennes. Je n'oublie pas non plus le fait que les familles économisent pour les frais d'université souvent dès la naissance d'un enfant. Que les étudiants n'hésitent pas à travailler à mi-temps ou à s'endetter. Qu'en France, l'éducation coûte aussi très cher, mais qu'on n'en a pas conscience car les coûts sont dilués dans les nombreux impôts à payer. Et donc, finalement, malgré le coût de l'université, on arrive à un taux de diplômés du supérieur plus important aux Etats-Unis qu'en France. Bref, c'est loin d'être idéal, mais ce n'est pas tout à fait l'enfer que l'on caricature parfois (cela me rappelle un peu les débats qui ont lieu en France sur le système de santé Américain mais passons...).

En France, le système est évidemment différent. Le collège unique et les lycées sont sensés donner les mêmes chances à tout le monde, et des concours anonymes et impartiaux sélectionnent les meilleurs étudiants. C'est la théorie. Mais on constate qu'il y a une reproduction sociale des élites. D'où l'envie de certains d'imposer des quotas. Mais ce constat n'est qu'une partie de la vérité, il révèle en fait la faillite globale du système éducatif, du collège, du lycée, de l'université. Les élèves n'ont pas les mêmes chances, parce que la baisse du niveau a empêché les meilleurs élèves issus des classes populaires d'acquérir la culture générale ou scientifique nécessaire à la poursuite des études "d'élite", et aussi parce que comme la mixité sociale a régressé, les collèges et lycées des zones favorisées proposent un environnement plus favorable au travail scolaire. C'est un cercle vicieux. Certains évoquent aussi les cours particuliers payés à prix d'or par les parents des milieux aisés, ce n'est pas faux, mais ce n'est qu'un élément parmi d'autres, à mon sens pas tout à fait central ici.

Comment faire pour qu'il y ait plus d'élèves boursiers en prépa d'abord, dans les Grandes Ecoles ensuite (à ce propos le critère d'un certain pourcentage de boursiers me paraît un peu partiel, mais passons)? Plutôt que les quotas, certains proposent de rétablir des classes de niveau dès le collège, de faire un effort important sur l'orientation (il est capital d'informer tous les étudiants, notamment ceux issus des classes sociales modestes, des possibilités qu'ils ont de poursuivre des études à haut niveau, études, je le rappelle, gratuites ou presque), de créer un système de tutorat entre élèves des grandes Ecoles et lycéens doués des quartiers défavorisés. On peut aussi évoquer les classes prépas de remise à niveau comme au lycée Henri IV. Ce sont des pistes, il n'y a pas de solution miracle sans remettre totalement en question la façon dont on a géré l'Ecole depuis quarante ans.

Si malgré tout, on impose des quotas de boursiers dans les Ecoles, via un concours séparé ou même sur dossier, il ne faut pas se faire d'illusion, cela n'améliorera pas la situation. D'une part parce que ce ne sont pas quelques dizaines ou quelques centaines de diplômés boursiers par an en plus qui vont remodeler le paysage social français et réparer ce fameux ascenseur social. D'autre part parce que malgré tout, je pense que dans les Ecoles d'ingénieurs notamment, il y a des connaissances scientifiques et une méthode de travail qui sont jugés indispensables afin d'être admis, et d'avoir le niveau pour apprendre ce qui est nécessaire pour devenir un ingénieur de qualité. Sur ce point, un léger bémol, je pense que par exemple de nombreux élèves qui n'ont pas eu l'X mais d'autres très bonnes écoles auraient pu sans trop de problèmes avec un peu de boulot suivre les cours à Polytechnique; mais bon, comme le pourcentage de boursiers n'est pas vraiment plus élevés dans ces autres écoles, ça n'aurait pas amélioré le taux de boursiers à l'X...

Enfin, et surtout, un diplôme n'est utile que si on trouve un bon boulot à la sortie de l'école, et il faudrait être naïf pour croire que les employeurs se gêneront pour demander aux diplômés par quelle voie ils ont intégré leur école. Il n'y a qu'à voir les discriminations dont sont victimes certains admis sur titre (qui ont intégré leur école d'ingénieur ou de commerce via l'université, sans passer par une prépa), parfois à tort selon moi, dans certains secteurs sélectifs comme le Conseil ou la Finance, parce que les employeurs estiment que la prépa et le concours qui a suivi ont été des éléments formateurs et ont contributé à renforcer des qualités qu'ils recherchent chez un candidat...

En résumé, si je pense que la discrimination positive et les quotas peuvent avoir leur place dans un système éducatif particulier comme aux Etats-Unis par exemple, les adopter en France reviendrait à abdiquer devant l'échec de notre politique de l'école égalitaire depuis 30 ans et renoncer totalement à notre modèle d'éducation plutôt que de tenter de le réparer. Et à ceux qui pensent que la fin (la promotion d'une plus grande diversité sociale, et même -chut, faut pas le dire trop fort!- ethnique parmi l'élite) justifie les moyens (l'instauration de quotas aux concours, donc), surtout que l'objectif est en soi tout à fait louable, je réponds que les effets pervers de leur mesure, que j'ai évoqués plus haut, les mènera à l'échec.

jeudi 3 décembre 2009

Un curieux double diplôme

La scène éducative Française ne manquait pourtant pas de polémiques, mais l'annonce de la création d'un double diplôme entre Centrale Paris et l'ESSEC fait couler beaucoup d'encre. Que des ingénieurs puissent obtenir un diplôme d'une école de commerce en ajoutant deux ans d'études n'est pas nouveau, loin de là (les Mines avaient un accord de ce type avec l'ESSEC justement, et rien n'empêche un ingénieur de candidater à l'admission sur titre à HEC par exemple;enfin, le récent accord Centrale-Supelec-ESCP permet même d'obtenir le double diplôme en un an supplémentaire seulement). Mais un Centralien n'a, vu son cursus, en principe pas réellement besoin d'un diplôme supplémentaire pour faire de la finance d'entreprise, du conseil ou monter son entreprise, des carrières fréquemment choisies par des diplômés d'écoles de commerce.

Mais cette fois, les élèves de l'ESSEC ont aussi la possibilité de devenir ingénieurs Centraliens en deux ans supplémentaires. Evidemment, cela passera par une remise à niveau très importante en physique notamment, et une sélection en première année. Mais certains Centraliens l'ont mauvaise, et craignent pour la valeur de leur diplôme. Sur le fond, pourtant, il n'y a pas de mal à ce qu'un diplômé d'école de commerce assimile des connaissances techniques qui lui permettront de mieux appréhender un poste de cadre dans une grande entreprise industrielle. Mais cela passe-t-il forcément par un titre d'ingénieur? Certains pensent toutefois qu'il est a priori peu probable que les groupes de R&D des grandes entreprises privilégient un tel profil, préférant sans doute des ingénieurs diplômés au background plus solide en sciences. Ils ajoutent que le rapprochement entre grandes écoles ne signifient pas forcément des doubles diplômes multipliés sans une certaine logique, et que ce diplôme ingénieur-commerce n'a pas tout à fait d'équivalent à l'étranger.

Cela dit, je me trompe peut-être. Il sera intéressant d'observer les résultats d'ici quelques années (le nombre de double diplômés et leurs débouchés).

dimanche 17 mai 2009

Commencements


Entre mai et juin, c'est la saison des "commencements" aux Etats-Unis, ces cérémonies de remise des diplômes en habit de cérémonie, qui sont souvent l'occasion pour une personnalité de prononcer un discours. Certains resteront dans les mémoires, comme celui de Steve Jobs il y a quelques années à Stanford; d'autres seront rapidement oubliés. On peut aussi noter que cette année, le président Obama a prononcé les discours des universités d'Arizona State et de Notre-Dame, ce qui n'a pas été sans certaines polémiques.

A Stanford, le 14 Juin prochain, c'est donc Anthony Kennedy qui prononcera le discours de fin d'année. C'est peut-être un nom moins clinquant qu'Oprah Winfrey l'an dernier. Mais c'est une personnalité importante du monde politique et judiciaire américain, puisqu'en temps que membre de la Cour Suprême "modéré", c'est finalement à lui que revient de prendre la plupart des décisions importantes, étant donnée que cette institution est divisée entre quatre membres "progressistes" et quatre "conservateurs". A noter que cet équilibre va peut-être se trouver durablement modifié durant le mandat d'Obama avec le départ à la retraite de certains juges.

mercredi 8 avril 2009

Spring quarter



Que de dilemnes en ce dernier trimestre de l'année à Stanford, trimestre qui devrait également être le dernier de ma vie d'étudiant. Beaucoup de cours intéressants, mais qui demandent beaucoup de travail, ce qui, avec un temps estival, paraît assez peu compatible. En résumé, voici ce que devrait être ma "shopping list":
  • Investment practice: un projet en groupe réalisé en collaboration avec un Hedge Fund, Eva, qui ne doit pas être trop mauvais pour avoir réalisé une performance nettement positive l'an dernier. Le site web donne un aperçu des sujets, qui traitent de problématiques liées au carnet d'ordres, à la recherche de "patterns" dans les prix d'option et à l'optimisation et à la prédiction de stratégies.
  • Computation and Simulation in finance: pas très glamour, mais sans doute un passage obligé, méthodes numériques classiques pour aborder concrètement pas mal de problèmes rencontrés en finance.
  • Statistical modeling in financial markets: le second cours de statistiques appliquées en finance, de niveau plutôt avancé, en théorie. Applications en finance de quelques méthodes de data-mining (régression améliorée, réseaux de neurones...), séries temporelles multivariées, et application de tout cela à des problèmes de pricing et calibration, ainsi qu'à des stratégie de trading statistique (haute-fréquence entre autres) et gestion des risques. D'ailleurs, le livre de référence, "Statistical Models and Methods for Financial Markets" de Lai et Xing, est pas mal fait, même si pour des méthodes statistiques plus modernes et avancées, "The Elements of Statistical Learning" de Hastie, Friedman et Tibshirani est une référence.
  • Enfin, un quatrième cours, que je choisirai normalement entre "Fixed income models", un cours sur les produits dérivés de taux et "Credit Risk" (le titre parle de lui-même, et la partie sur les CDOs vaudra sans doute le détour vu la situation actuelle). A moins que je ne sois plus audacieux et sorte des sentiers battus avec "Data mining and electronic business", un des "cours-stars" de Stanford donné par l'ancien chef de la recherche d'Amazon.com, un physicien allemand ayant tout d'abord travaillé dans la finance, et qui se spécialise désormais dans la recherche et l'analyse de données, notamment grâce aux réseaux sociaux sur le web (c'est la "social data revolution"). Je vous invite à aller sur son site, c'est assez passionnant (www.weigend.com). Même si je ne le prends pas, j'auditerai certainement ce cours.
Il y a également un séminaire de mathématiques financières, mais à cause de la crise, la liste des participants fait pâle figure par rapport aux années précédentes. A voir, donc...

mardi 7 avril 2009

Ecoles et universités face à la crise

Non, cet article ne parle pas des difficultés économiques des universités américaines comme Yale ou Stanford, dont l' "endowement" a perdu le quart de sa valeur en un an. Je pense plutôt aux écoles et universités qui proposent des formations preparant aux metiers des salles de marche, très durement touches cette année. Aux Etats-Unis, Stanford a décide de diminuer sa taille de promotion d au moins deux tiers, Columbia d'un quart, même si d autres préfèrent la facilité financière à l'insertion de leurs diplômés (mais gare aux statistiques des enquêtes premier-emploi!).

La nouveauté, c est que l'université Paris-Dauphine a décidé de fermer pour l'an prochain le master 203. Cela peut passer pour un aveu d'impuissance face a la crise et un manque d'adaptabilité (car après tout, on a toujours besoin de personnes ayant un bon niveau, mais plutôt en gestion des risques par exemple). En même temps, quand Nicole El Karoui déclare il y a quelques semaines que sur les promos de l'an passé et de cette année de son DEA, une centaine d'étudiants n'avaient pas trouve de stage ou d'emploi, cela incite a réfléchir...

lundi 6 avril 2009

Frais de scolarité

HEC s'apprête à annoncer en grande pompe la suppression des frais de scolarité pour les boursiers, qui s'élèvent à 8600€ par an, durant les trois années de cours que comptent le cursus (avec souvent une année de césure en entreprise entre la seconde et la troisième année). C'est sans doute une bonne mesure, ainsi qu'un beau coup de pub, alors que les problématiques de diversité sociale et ethniques sont au cœur de l'actualité.

Mais lorsque je vois la presse analyser cette mesure en pressentant une hausse du pourcentage d'étudiants de milieux défavorisés dans les années à venir, je doute un peu. D'une part parce qu'HEC offrait déjà des exonérations de frais de scolarité assez importantes pour certains élèves jusqu'à présent. D'autre part parce que le nombre d'élèves boursiers en classe prépa est faible, et que ceux-ci ne boudaient pas forcément HEC à cause de son prix (notamment parce qu'après tout, la plupart des autres écoles coûtent la même chose, et il est facile d'obtenir un prêt à bas taux pour couvrir ces frais de scolarité, avant de profiter des salaires relativement hauts à la sortie de l'école pour le rembourser; mais certains ont du mal à considérer une formation du supérieur comme un investissement).

Bref, beaucoup de bruit pour pas grand chose. Pour ne pas délaisser les étudiants des classes moyennes, HEC pourrait songer à enfin proposer l'apprentissage comme alternative, ce que font déjà la plupart des autres écoles, et cela couvre les frais de scolarité et propose à l'étudiant une expérience professionnelle et un salaire au cours de ses études.

Finalement, l'Institut Montaigne remarquait dans un rapport paru il y a quelques années que le pourcentage d'enfants d'ouvriers à l'X, Normale Sup', l'ENA et HEC était passé de 29% à 9% en 40 ans (et on devrait toutefois préciser que la proportion d'ouvriers a largement diminué en France sur cette même période). L'aspect financier n'est pas le premier critère en France, car après tout, les étudiants sont même payés à l'X, l'ENS et l'ENA. Nous ne sommes pas dans le même cas de figure qu'aux Etats-Unis où, vu le poids des frais de scolarité, des universités comme Stanford ou Yale ont pris une mesure très importante en exemptant de frais de scolarité les étudiants dont la famille gagne moins de 100000$ par an. Non, le problème réside dans les inégalités entre les "Grands Lycées" et ceux de banlieue ou de province: souvent, les étudiants ignorent les filières d'élite, sont mal orientés, ou s'auto-censurent. Et en ce qui concerne les remèdes, je préfère largement la "pré-prépa" d'Henri IV aux quotas de Sciences-Po...

vendredi 3 avril 2009

Dream college '09

Si l'on en croit le Princeton Review, qui organise notamment les fameux tests de sélection à l'entrée des facs US (SAT, GRE, GMAT...), Stanford a été désigné, selon un sondage, comme l'université de rêve par les étudiants américains, juste devant Harvard. Le duo de tête s'inverse lorsque les parents sont interrogés ( http://ir.princetonreview.com/releasedetail.cfm?ReleaseID=372901 ).

Peu de surprises dans cette liste, même si l'on peut voir que les grandes métropoles (New York, LA) attirent particulièrement les étudiants, et que quelques universités peu connues en France mais réputées ici (Duke, Notre Dame) sont présentes.

Ce qui est assez amusant, c'est de comparer cette liste, qui s'apparente à un concours de popularité, aux véritables préférences des étudiants (http://www.google.com/url?sa=t&source=web&ct=res&cd=1&url=http%3A%2F%2Fpapers.ssrn.com%2Fsol3%2Fpapers.cfm%3Fabstract_id%3D601105&ei=zKTVScPKI4y6tQPYnZmyCg&usg=AFQjCNGKFPVmmyKnMRGZ3bgbii0n6DCdlQ&sig2=IGBnE3iNZI1SeeTFOk50wg). Où l'on peut s'apercevoir par exemple que même si NYU apparaît comme plus populaire que Yale, le nombre d'étudiants admis aux deux universités privilégieront dans leur écrasante majorité Yale. Ceci peut également servir à illustrer en quoi les marchés de prédiction sont plus fiables que les enquêtes d'opinion.

mardi 17 mars 2009

Winter quarter: done!

Le trimestre hivernal s'achève cette semaine à Stanford. D'ailleurs le beau temps revient, pile pour Spring Break et le Spring Quarter.

L'avantage du système Américain, c'est que même en ayant un trimestre très chargé, avec cinq cours, on peut être en vacances dès le premier jour de la semaine des "finals". Comment est-ce possible? Un de mes cours était évalué uniquement sur une présentation en groupe d'un article de recherche. Un autre comprenait là encore un projet en groupe, ainsi que deux quizzs au cours du trimestre. Enfin, les trois autres étaient notés sur les devoirs à la maison (la moitié de la note), un mid-term en classe (25% de la note pour une petite heure d'examen, sans notes autorisées, mais ça peut dépendre), et un "take-home final". Il s'agit plus ou moins d'un devoir à la maison, sauf que le temps imparti est plus court et que la communication entre élèves est formellement interdite (mais les profs ne sont pas chez vous pour vérifier).

Ce système est-il satisfaisant? Du point de vue de l'acquisition des connaissances, ce n'est pas mal du tout, on doit travailler régulièrement, sans vraiment de stress, et on apprend bien. Mais du point de vue de la notation, c'est du grand n'importe-quoi. Déjà, lorsque l'on voit le poids des travaux à la maison, rien n'empêche les élèves mal-intentionnés de tricher en copiant sur un de leur camarade (par exemple). Mais même sans cela, il est possible d'aller voir toutes les semaines les teaching-assistants. Ceux-ci sont des élèves en général en cours de doctorat, et malheureusement, beaucoup prennent leur travail à la légère: la notation est complètement baclée et irrégulière, les questions des élèves restent souvent sans réponse, et les heures d'aide aux devoir se terminent souvent en solutions des DMs copiées au tableau. Une bonne note récompense donc dans ces cas-là plutôt l'assiduité à ces "office hours".

Mais est-ce vraiment important, la notation, ici, me direz-vous? Eh bien oui: une majorité des grandes entreprises américaines demandent le GPA (la moyenne des notes sur quatre points) lorsque l'on postule chez eux. Et le GPA est souvent un critère de sélection fondamental pour accéder aux programmes "graduate" en droit, médecine, sciences, humanités... Le système me paraît imparfait dans la mesure où il ne contribue pas vraiment à distinguer les meilleurs.

samedi 21 février 2009

Message destiné aux ex-futurs ingénieurs financiers désespérés

Bon, bien sûr, certains s'y voyaient, bonus à six chiffres dès la deuxième ou troisième année, le million avant trente ans, la Porsche... tout ça grâce à ces magnifiques modèles de pricing d'options exotiques ou à ces stratégies d'arbitrage statistique. Quand soudain, la crise, et, impensable il y a encore quelques années, la perspective de ne pas trouver d'emploi dans ce secteur si décrié actuellement. Certains s'en sortiront. D'autres devront trouver une autre voie.

Alors, que peut-on faire, lorsque l'on a des connaissances assez poussées en mathématiques appliquées, et que l'on cherche à les utiliser dans d'autres domaines? Quelques pistes, en vrac, et vous me pardonnerez mes éventuelles imprécisions. On peut utiliser ses connaissances:

  • En traitement du signal afin d'aider à améliorer les nouveaux systèmes d'imagerie médicale, ou bien (totalement autre choses), travailler dans le domaine de l'armement, en perfectionnant les méthodes de détection radar
  • En modélisation et méthodes numériques afin d'aider ses camarades ingénieurs dans d'autres domaines (mécanique notamment) à améliorer leurs modèles de simulation.
  • En optimisation et recherche opérationnelle afin d'aider de grands groupes industriels à optimiser leurs réseaux logistiques (distribution, transport...)
  • En modélisation probabiliste afin d'étudier la relation entre les protocoles réseau et les files d'attente
  • En modélisation statistique afin d'explorer les facteurs de coûts ou encore les cibles marketing d'un géant du high-tech
  • En analyse de données afin d'aider une start-up en biotechnologies à détecter des "patterns" lors d'analyses génétiques
Vous voyez, ça peut aussi être glamour (et d'ailleurs, c'est si glamour que ça un produit dérivé?), mais ça peut être passionnant, et c'est sans doute le plus important, non?

lundi 29 septembre 2008

Mais que font-ils à Stanford...


ces jeunes Français partis étudier l'ingénierie, les sciences ou la finance? Eh bien il n'y a pas que le soleil, le sport et la free food dans la vie, la charge de travail est assez importante ici, notamment à cause des "homeworks". C'est une mentalité complètement différente du système français, où on dit en gros: "bon, voilà un cours, voilà des TD si vous voulez, rendez-vous aux exams et de toute façons les bons élèves s'en sortiront". Ici, même les très bons élèves glandeurs sont condamnés à bosser régulièrement. Ce n'est pas très discriminant sur le niveau des élèves mais au moins on a l'impression d'apprendre quelque chose. Surtout qu'on ne rigole pas sur le "Honor Code" (pas le droit de tricher, de copier les DM, obligation de dénoncer etc sous peine de suspension pendant un trimestre...).

Bon, je vais parler un peu de mon master, en financial mathematics, qui peut durer de 9 à 24 mois selon la charge de travail voulue (sachant que la moyenne est de 15 mois avec summer internship au milieu, mais en ce moment, faut pas rêver, le secteur est ultra-sinistré, i e on est proche de 0 embauches ). Nous sommes une trentaine d'élèves, en gros un quart de français, un quart de chinois, sans oublier les indiens, les russes, les canadiens, et aussi -eh oui!- quelques américains, mais pas trop non plus. Comme notre programme est interdépartemental, on peut piocher des cours dans les département des Statistics, Mathématics, Management Science & Engineering, Economics, Computer Science ainsi qu'à la Graduate School of Business (et si on en veut vraiment, on peut aussi aller voir du côté de la Law School, ou même prendre un cours d'Humanités ou de Sport mais vu que ça ne compte pas pour le diplôme et qu'il faut quand même payer...). En détail, voilà ce que ça donne pour moi ce trimestre:

  • Statistical Methods in Finance: quelques méthodes d'estimation en finance, utilisant des techniques de régression multivariée, de séries temporelles ou encore d'analyse en composantes principales, le tout appliqué à des classiques comme le CAPM, la théorie du portefeuille de Markowitz, ou encore la finance à temps continu. Le langage utilisé pour la programmation est R.
  • Programming Abstractions in C++: un cours de programmation assez classique utilisant le C++, même si toutes les subtilités ne sont pas abordées ici mais dans un module supplémentaire auquel j'irai peut-être assister. A noter que ce cours est destiné aussi bien aux undergrads qu'aux graduate students, donc le public est assez hétéroclite.
  • Monte Carlo methods: un sujet classique utile en Finance comme ailleurs. Ca m'embête un peu de prendre ce cours de niveau PhD maintenant alors que les applications en finance sont traités dans un autre cours au printemps, mais on doit prendre des cours dans diverses catégories est c'est parfois assez contraignant. Ca va parler de Monte-Carlo classique mais aussi de quasi-Monte Carlo, de Markov Chains Monte-Carlo etc
  • Statistical learning: un autre cours de niveau PhD consacré aux méthodes d'apprentissage, un sujet "relativement" nouveau (encore que), mais ce qui l'est un peu plus, ce sont les applications éventuelles en finance. Ici, cela traitera d'apprentissage supervisé et de classification, entre autres.
  • Dynamic Asset Pricing (audit): je ne prendrai pas ce cours pour des crédits pour des raisons d'emploi du temps et de quantité de travail mais c'est l'un des cours stars de Stanford, donné par le brillant "financial economist" Darrell Duffie. C'est une sorte d'unification de l'économie de l'incertain à temps discret et du pricing à temps continu, donc intéressant, mais très exigeant, vu que c'est un cours de deuxième année de Doctorat ici, et que même en venant de l'X, cela demande un investissement qui me semble assez incompatible avec les autres cours requis que j'ai ce trimestre.
Il y a énormément d'autres cours auxquels j'aurais aimé assister, comme le cours d'Investment Science, ou encore celui de Decision Analysis du Professeur Howard, l'inventeur du domaine, mais bon, ce sera pour une autre fois...

dimanche 21 septembre 2008

French schools?

Il est trop tôt pour tirer un bilan au sujet de la renommée des écoles françaises à l'étranger, mais en gros:
  • Le nom Sorbonne revient le plus souvent. Avec cet atout incroyable, il me paraît extrêmement dommage que la Sorbonne ne capitalise pas plus là-dessus en offrant des programmes d'excellence reconnus à l'étranger, mais bon, en ont-ils vraiment la possibilité?
  • L'X, l'étudiant lambda ne connaît pas du tout, mais l'étudiant en maths-stats-ingénierie en a parfois entendu parler, et en général, les étudiants français partent avec un a priori favorable en sciences.
  • Par contre les profs, ils connaissent très bien. Lorsque certains cours exigeants requièrent l'autorisation de l'enseignant, il suffit souvent de dire qu'on a fait l'X pour que les barrières soient levées.
Bref, cela confirme l'idée générale suivante: les écoles françaises, ceux qui les connaissent les placent à un très bon niveau, mais malheureusement ils sont assez peu nombreux sauf dans les milieux "initiés"

mercredi 6 août 2008

Shanghai ranking 2008

La nouvelle version du fameux classement des universités mondiales est publié (http://www.arwu.org/rank2008/EN2008.htm). A venir dans les médias: la traditionnelle déception devant l'état de nos universités, la critique de la méthodologie (il est vrai très partielle), mais bon, on attendra de voir l'effet des différentes réformes en cours (rapprochements entre Ecoles et universités, PRES, plan campus...). Où serait Paristech dans ce classement?

On en oublierait presque de féliciter le trio de tête, Harvard, Stanford et Berkeley.

lundi 4 août 2008

Top 10 quant schools


Il n'y avait pas réellement de classement récent des meilleurs masters en mathématiques financières aux Etats-Unis. Tout juste un vieux classement de 2003 réalisé par Global-Derivatives. L'erreur est en partie corrigée avec la publication par "Advanced Trading" des "top 10 quant schools", les meilleures facs où sont formés les futurs cadres de la finance quantitative ( http://www.advancedtrading.com/feed/showArticle.jhtml?articleID=209102204&cid=RSSfeed_AT_All ).

Le classement a été réalisé par des professionnels, principalement selon des critères de recrutement à Wall Street. Cette méthodologie est évidemment contestable et partielle, mais au moins, on a une liste de 10 masters reconnus, et 4 venant ensuite avec mention honorable.

Le top 10 des masters (en financial math ou financial engineering...) est donc (sans ordre particulier):
Carnegie Mellon, Columbia, Cornell, NYU, Princeton, Rutgers, Stanford, Chicago, Michigan, Berkeley, puis avec mention honorable: Baruch, Boston U, Georgia Tech et Toronto.

Bon, my 2 cents: je distingue plusieurs groupes (classement évidemment subjectif et peut-être de mauvaise fois, mais je me base essentiellement sur la sélectivité, les désistements croisés, la qualité ressentie des cours par les personnes que je connais qui y sont passées, le brand-name ainsi que les débouchés à la sortie, mais en ce moment c'est funky...) : Princeton, Berkeley, NYU, Stanford, puis Columbia, Carnegie Mellon; Chicago un chouilla détaché; Cornell, Michigan; Toronto, Baruch, Rutgers; le reste...

mercredi 30 juillet 2008

Sélectivité etc... version US

Pour reprendre l'article que j'avais écrit il y a quelques jours à propos du classement des Ecoles, j'avais mentionné entre autres trois méthodes, la plus instructive à mes yeux étant les désistements croisés. Mais la sélectivité et l'attractivité (le "yield", le pourcentage d'admis acceptant l'offre) est également très intéressant.

Aux USA, on peut trouver les dernières stats ici: http://www.usnews.com/usnews/edu/college/rankings/brief/yield_natudoc_brief.php . Quelques remarques en vrac:

  • Il est dur d'être admis dans une "top university", 10%, c'est pas énorme.
  • Et le yield ne baisse que légèrement quand on descend dans le classement, ce qui confirme que les étudiants ne présentent qu'un nombre limité d'universités (ce qui limite la 'hiérarchisation' excessive des écoles comme en France).
  • Il y a quelques invités surprises (Brigham, Yeshiva), ce sont des universités religieuses, et quand on y postule, c'est qu'on est très intéressé.
  • D'excellentes facs peuvent être sélectives mais ont un mauvais yield: ce sont les "facs de secours" des très bons candidats (Duke, Chicago...).
  • A l'inverse, il y a des facs peu sélectives mais avec un bon yield (les grosses facs publiques privilégiées par des élèves "moyens").

Bref, je me répète un peu, mais cela confirme une fois encore que même si les classements existent partout (surtout aux USA d'ailleurs), et même s'il existe des universités d'élite privilégiées, la perception qu'on a là-bas de la hiérarchie des facs est un peu plus souple qu'en France: on peut se permettre de refuser une excellente fac; on ne se sent pas obligé de postuler partout; et ce n'est pas parce qu'on est (par exemple) dans la 10ème meilleure fac qu'on a raté les 9 premières... c'est l'effet "admission sur dossier".

Le plateau de Saclay


On se le demande, avec la multiplication des pôles de compétitivité, des alliances, des projets... mais apparemment, les choses commencent à se décanter. Dans le but d'atteindre une 'taille critique', de nombreuses institutions du plateau de Saclay se sont réunies afin de présenter un projet commun dans le cadre du plan campus. Ca se trouve là: http://www.u-psud.fr/modules/resources/download/default/Campus_Plateau-de-Saclay.pdf .

Bien sûr, on peut se poser la question de doublons éventuels avec Paristech par exemple, mais au moins, ici, l'ambition est claire: regrouper sur le plateau de Saclay certaines des meilleures institutions scientifiques françaises, mutualiser la recherche et une partie de l'enseignement, accueillir des centres R&D d'entreprises... Evidemment, certains moyens restent à trouver, notamment pour développer l'infrastructure des transports qui est encore déficient. Mais surtout, pour construire logements, espaces de vie et déménager certaines écoles sur le plateau, entre Supélec et l'X. L'ENSAE et l'ENSTA arriveront dans les prochaines années, suivies par Telecom. Mais la nouveauté, c'est le déménagement de Centrale (avec aussi la création d'un institut commun avec Supelec), d'une partie des Mines, d'Agro-Paristech, de l'ENS Cachan...

Tout cela est très bien, sur le plan géographique du moins. Mais comment résoudre ensuite le manque de visibilité des Ecoles Françaises à l'étranger? Déjà, mutualiser la recherche et faire en sorte que les chercheurs signent leurs articles en mentionnant un établissement commun (Paristech?) est une bonne chose. Mais quid du recrutement? Si on peut imaginer des cours en commun et des échanges entre les Ecoles du plateau de Saclay, va-t-on vraiment vers un concours ou un diplome commun? Là, l'inertie me semble grande. Et commun attirer les candidats étrangers? En mutualisant là encore le recrutement? En développement les programmes masters et doctorats au détriment du cursus "Grande Ecole"? Toujours pas de réponse nette, mais au moins, les choses semblent se mettre en mouvement, avec notamment l'entrée d'HEC dans Paristech le mois dernier.

De toute façon, on a le temps, on verra à l'horizon 2015...

NB: à propos de Paristech, un colloque intéressant, qui date un peu, avec le Général de Nomazy, président de Paristech: http://www.chear.defense.gouv.fr/fr/colloques/restitution/2008/Gabriel_de_Nomazy_V2.pdf

Ils aiment vraiment les stats

Les Américains aiment classer leurs universités, on le sait. Mais là, the "Princeton review" (aucun lien avec l'université du même nom) fait fort, en publiant un guide classant 368 facs américaines selon des critères tantôt classiques, tantôt insolites, le tout grâce à un sondage réalisé à l'échelle nationale. Ainsi, les élèves de Stanford sont ceux qui ont la meilleure "classroom experience", ceux de l'université de Floride (celle de Noah) font le plus la fête, ceux de Clemson (?) sont les plus heureux, le plus beau campus est à Princeton, les étudiants sont très conservateurs à Texas A&M, mais à l'inverse, les étudiants sont malheureux à la United States Merchant Marine Academy, les profs mauvais à Stevens... la liste est sans fin. Et les résultats se trouvent sur http://www.princetonreview.com/college-rankings.aspx?uidbadge=%07 (et il y a évidemment, c'est la mode, une partie sur le développement surable).

Je me demande ce que cela donnerait en France, tiens.

mercredi 23 juillet 2008

VISA


Non il ne s'agit pas d'un article à propos de la lutte à mort entre VISA et Mastercard (sans oublier American Express et Dinner's Club mais bon...), mais cela porte plutôt sur les formalités dans le but d'obtenir un visa d'études aux USA.


Bien sûr, ayant l'habitude de l'administration française, on croit être bien préparé. En fait, non. A l'ambassade américaine à Paris, c'est du top niveau. Bien sûr, on a commencé à préparer son dossier pour les facs US un an avant. On a stressé dans l'attente des résultats. On s'est ensuite mis à remplir les formulaires nécessaires (DS-156, 157, 158), à payer les frais obligatoires (mandat-compte, SEVIS fee et prise de rendez-vous), sans oublier les documents envoyés par la fac (I-20), les photos particulières et l'enveloppe chronopost à prévoir (en fait, on s'aperçoit à l'intérieur de l'ambassade que la plupart des formulaires, les enveloppes et les photos peuvent être obtenus sur place mais il vaut mieux ne pas prendre de risque). Bref, on pense que le parcours du combattant s'achève. On prend rendez-vous près d'un mois à l'avance.


Et en fait, c'est loin d'être fini. Il ne sert à rien d'arriver trop en avance vu que l'entrée de l'ambassade nous est refusée. C'est vrai, mais vu que 50 personnes sont convoquées à la même heure, on peut toujours tenter le coup. Bref, une heure de queue à l'extérieur (heureusement qu'il ne pleuvait pas). Puis un ticket à prendre à l'intérieur. Evidemment, les numéros ne sont pas appelés dans l'ordre. Une bonne heure d'attente à nouveau. On donne les documents, on se fait prendre les empreintes digitales. Une nouvelle heure d'attente, et un petit entretien pour la forme. Et voilà, magique, "visa accordé" (bon en fait on le reçoit quelques jours après par chronopost avec le passeport et le I-20 restitués). Et au moins 3 heures de perdues. Je pense qu'ils pourraient tout à fait optimiser le temps d'attente, mais qu'ils ne le font pas, peut-être dans le but de créer une sorte de rite initiatique qui fait que finalement, on est vraiment content de l'avoir quand même, le visa.

mardi 15 juillet 2008

Sélectivité, attractivité, désistements croisés, ou comment les Ecoles jouent avec les chiffres.

Il y a peu de données objectives pour comparer les Ecoles (de commerce ou d'ingénieurs). Le salaire à l'embauche est souvent peu fiable et biaisé par les secteurs d'activité et le lieu de travail des jeunes diplomés. Il est dur de déterminer les partenaires internationaux qui apportent un vrai plus qualitatif. Et les autres données, bien qu'importantes (nombre d'associations étudiantes, centre-ville ou campus en banlieue...) ne sont pas vraiment objectives (ce qui en soi n'est pas un tort). Reste donc la question: où vont les bons élèves?

Les écoles évoquent souvent le rapport nombre d'admis/ nombre de candidats, mais ce n'est qu'une indication partielle. En effet, déjà, il arrive que certaines écoles "oublient" que le nombre de candidats finalement admis est bien supérieur au nombre de candidats intégrés (du fait de démissions vers d'autres écoles). S'il y a 3000 candidats pour 300 places, mais que le rang du dernier intégré est 600, la sélectivité est de 20%, et non 10%... logique, jusque là, il suffit de ne pas maquiller les chiffres, et tout va bien.

Oui mais ce n'est pas si simple. Prenons deux exemples:
  • Il est acquis que de manière générale, les étudiants de prépa commerciale préfèrent l'ESCP-EAP à l'EM Lyon. Pourtant, le taux de sélectivité est de 18% environ à l'ESCP (900 admis sur 5000 candidats), contre 16% à l'EM Lyon (1000 admis pour 6000 candidats). Bien sûr, les concours sont en partie disjoints et qu'on peut imaginer que certains étudiants qui réussissent à l'ESCP échouent à l'EM Lyon (de même, à peine un peu plus de la moitié des admis à l'ESSEC auraient pu être acceptés à l'ESCP, comme quoi...). Mais là, il y a deux autres facteurs très importants:
  1. un phénomène d'autocensure de la part des candidats qui ne présentent pas l'ESCP (du fait du coût ou de faibles chances de l'avoir). Ainsi, avec 6000 candidats, la sélectivité de l'ESCP serait supérieure. D'ailleurs, le vrai chiffre de sélectivité devrait être 900/8000 (le nombre total d'étudiants en prépa HEC).
  2. le fait que près de 300 étudiants, souvent déjà admis à l'ESCP (du fait de dates de résultats différents) boudent les oraux de l'EM Lyon. Comme ce sont de plus de bons candidats, on peut supposer que beaucoup d'entre eux auraient pu intégrer l'EM Lyon et donc faire augmenter le rang du dernier intégré.
  • Deuxième exemple: en prépa scientifique, filière PC, le rang du dernier intégré aux Mines de Paris est environ 100 selon les années, contre 160 à l'X environ. Et pourtant, l'X passe pour être un peu plus cotée. Là encore, des dizaines de candidats "zappent" l'oral des Mines; et surtout, les Mines maintiennent une sélectivité très forte grâce à leur faible total d'intégrés (20 en filière PC).

On pourrait donc imaginer le critère suivant: rang du dernier intégré potentiel/nombre d'intégrés. Mais cela pénalise cette fois trop les écoles aux petites promos.

Mais finalement la question est tout simplement: où vont les meilleurs étudiants? Où vont les candidats admis à la fois à HEC et l'ESSEC? à l'X et aux Mines? Aux Mines et à Centrale?

Pour les écoles d'ingé, les statistiques sont assez dures à obtenir, mais ces "désistements croisés" font apparaître une tendance claire. Plus de 95% des admis à l'X et les Mines ou l'ECP choisissent l'X. Entre les Mines et Centrale, c'est serré et cela dépend des années. Puis suivent les Ponts, Supélec... Chez les commerciaux, on peut trouver ces stats sur le site bloom6.free.fr . Et on voit que la hiérarchie est aussi assez claire entre HEC , l'ESSEC et l'ESCP (avec des taux de préférence pour l'école placée au-dessus d'au-moins 90%), et un gap après l'ESCP.

Ce qui est frappant, c'est que si l'on compare aux grandes facs US (http://www.nytimes.com/imagepages/2006/09/17/weekinreview/20060917_LEONHARDT_CHART.html), les étudiants américains sont bien moins tranchés que nous. Près d'un tiers préfèrent Yale à Harvard, 3% préfèrant même Virginia (pourtant bien plus modeste, les facteurs géographiques ou d'argent jouant sûrement), le jeu est partagé entre le MIT, Princeton et Stanford... Ceci explique peut-être que les Américains sont bien moins "complexés" par leur fac que certains Français par leur Ecole: les Américains ont peut-être été refusé quelque part, mais ils n'ont pas loupé de concours pour lequel ils auraient travaillé durement durant deux ou trois ans, et s'ils n'ont pas été pris dans telle université, ils peuvent se dire que c'est juste une affaire de "profil", et ils n'ont pas à se remettre en cause autant que ceux qui estiment avoir loupé leurs concours en France. Et c'est peut-être cela qui leur permet d'aborder avec plus de confiance la suite de leurs études et le monde du travail.

Bref, vous l'avez compris, méfiez-vous des chiffres, les plus intéressants ne sont pas toujours ceux qui apparaissent sur les sites des écoles ou dans les magazines.

lundi 7 juillet 2008

Food for thougths

Au moins, c'était une finale de légende. Hier. A Wimbledon. Mais, Roger, 'tain, t'as loupé le match de ta vie. Et finalement, le plus grand joueur de l'histoire, si c'était (potentiellemnet) Nadal?

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Pour revenir un instant sur la mini-polémique Obama du moment (certains de ses supporters étant déçus de son "recentrage"), il faut comprendre qu'il a toujours été en balancement entre ses idées profondes, qui ne le placent pas du tout à la gauche du parti démocrate (sur la peine de mort, les armes, les moeurs, même l'économie ou la politique interventionniste extérieure) et les votes réalisés au Sénat, où les arrières-pensées électorales sont souvent présentes; il y passe par contre pour un des sénateurs les plus "libéraux" (à gauche, au sens américain du terme). Attention à l'effet girouette. Mais bon, pas de dramatisation, il reste favori.

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Je reçois souvent des mails pour me demander quelques conseils à propos de la prépa ou des Grandes Ecole. J'aimerais ici développer un point particulier: est-ce qu'après avoir intégré une très bonne école (X, ECP, Mines, Ponts, ou encore HEC, ESSEC, ESCP...), le plus dur est fait? En un sens, oui, on trouvera du boulot, et toutes les portes sont ouvertes. Mais voilà, il ne faut pas rêver, rien n'est gratuit, et nombreux sont ceux qui chercheront encore à se distinguer (par un double-diplôme, une deuxième formation, des stages impressionnants etc). Et on peut les comprendre: prenons par exemple le private equity ou le conseil en stratégie, deux filières assez élitistes. Même si l'on considère uniquement les écoles cibles, cela fait chaque année pas loin de 2500 étudiants. Et pour un poste chez McKinsey, en gros, peut-être 300 ou 400 candidats (à l'aise). Même dans les écoles cibles, on ne peut pas rencontrer tout le monde en interview. Il faut donc se distinguer encore en amont. D'où la course effrénée vers le CV parfait...

samedi 21 juin 2008

Comment sélectionner les bons élèves?

Il y a encore peu de temps, j'étais persuadé que le système de sélection à la Française (c'est-à-dire concours rigoureux, écrit puis oral, notamment après une classe prépa), était d'un bon niveau. Il sélectionne les meilleurs élèves le jour J, mais comme il y a plusieurs concours (et donc des possibilités de se rattraper), et la possibilité de refaire une année dans le pire des cas, je pensais qu'en moyenne, après tout, c'était pas mal.

Je maintiens ce jugement à propos des concours scientifiques où le correcteur a assez peu de latitude pour apprécier une copie, si c'est bon, tant mieux, sinon, tant pis. Mais dès que les matières littéraires interviennent, cela change quand même pas mal de choses. Bien sûr, une copie vraiment excellente est remarquée par tout le monde, mais de récentes études ont montré que dès que l'on n'est plus dans les extrêmes (copie très bonne ou très mauvaise), l'amplitude des notes selon les correcteurs est extrêmement importante, que ce soit en philosophie, histoire... Cela peut être gênant pour le Bac, et ça l'est encore plus pour les concours des grandes écoles de commerces ou en khâgne, où tout peut se jouer à un point près, surtout quand l'on sait que par exemple, pour une école comme HEC ou l'ESSEC, qui ont respectivement environ 700 et 850 admissibles après les écrits, environ 60 personnes sont à moins d'un point en philo de l'admissibilité.

Solution onéreuse: une double correction des copies. Mais je n'y crois pas trop, c'est compliqué à mettre en place. Et donc le système continue à suivre son cours, car après tout ceux qui réussissent s'en satisfont, et les autres, même s'ils gardent parfois une certaine rancoeur due à l'échec à un concours (qui est tout relatif puisqu'ils ont souvent intégré d'aussi bonnes écoles), connaissaient les règles du jeu.

A côté de ça, les facs anglo-saxonnes utilisent elles aussi des tests pour sélectionner les élèves, mais c'est juste un critère parmi d'autres pour éliminer les candidats insuffisants. Après, tout se joue sur la motivation, les recommandations, bref, les universités tentent de déterminer si l'élève sera una tout pour l'école. Evidemment, c'est encore plus arbitraire que nos concours, mais il y a au moins un avantage: en France, si on rate un concours, il n'y a rien à dire, on a fait de son mieux, et on a été moins bon que les autres; cela encourage un certain complexe d'infériorité, ou éventuellement une jalousie et un rejet de certaines écoles. Aux USA, si on n' a pas été pris, c'est juste que notre profil convenait mieux à d'autres universités. Pas de stricte hiérarchie (bien sûr les classements existent et sont même plus développés qu'ici, mais au sein de groupes d'écoles, il est permis de préférer certaines facs à d'autres, ce qui est plus dur ici où la hiérarchie est figée).

Finalement, je ne sais plus trop quoi penser. Sélectionner me semble important, mais selon quels critères? Je crois que personne n'a une réponse parfaite.