- Comme souvent aux Etats-Unis, dès qu'une réforme assez importante est annoncée, on peut (ou plutôt certains lobbyistes peuvent) faire confiance au congrès pour en limiter sérieusement l'application. Bon, on pourra aussi remarquer qu'il n'est pas forcément mauvais que le corps législatif ait un rôle important entre l'annonce d'une mesure et son application, ce qui nous change un peu de la vie politique française.
- Les modalités pratiques de la loi restent très floues: comment limiter effectivement la taille des banques? Cela concernera-t-il uniquement les banques disposant d'une branche de dépôt? Et quid des filiales des banques étrangères, comment ne pas les favoriser? Enfin, comment différencier le tradig propriétaire du trading lié aux activités orientées clients (c'est loin d'être évident, d'un côté comment réguler la part de prop inhérente à la couverture de la vente d'un produit dérivé à un client? D'autre part, que faire des activités de market-making, souvent rattachées au prop trading, même si elles sont très utiles à la liquidité des marchés?)
- Comment harmoniser toutes les nouvelles règles financières qui vont être votées un peu partout dans le monde? Surtout qu'en Europe continentale notamment, le modèle de la banque universelle, que l'on considère plus solide grâce à la présence d'une banque de détail mais aussi d'une banque de financement et d'investissement et souvent d'une branche consacrée à la gestion d'actifs, est favorisé après avoir mieux résisté à la crise. Alors qu'aux Etats-Unis, où les banques sont bien moins averses au risque, on cherche à protéger les banques de détail dex excès des banques d'investissement associées. Il n'y a pas de vérité universelle, le paysage bancaire est différent d'un pays à l'autre (c'est d'ailleurs pourquoi la France ne doit pas se sentir obligée de copier les mesure d'autres pays où le système et l'impact de la crise sont bien différents).
- Enfin, ces mesures auraient-elles vraiment empêché la crise actuelle si elles avaient été adoptées avant? Ce n'est pas clair du tout: les Américains auraient tout de même été surendettés, certains auraient contracté des crédits immobiliers impossibles, les banques auraient revendu ces crédits douteux par "packs", au sein de produits dérivés de crédit (ce n'est pas forcément du trading pour compte propre), qui auraient été achetés par de nombreux investisseurs (pas uniquement des banques donc, mais des fonds, des caisses de retraites, des entreprises, bref, un paquet de monde) notamment car les risques auraient toujours été mal évalués par les agences de notation, et ce marché serait resté non régulé et illiquide. Ah oui, et Lehman Brothers par exemple, qui ne disposait pas d'une filiale consacrée à la banque de détail, aurait tout de même fait faillite. Et entraîné la panique des marchés.
mercredi 10 février 2010
En attendant la tempête
dimanche 27 décembre 2009
Bonus et dindons
Alors que certains fonds d'investissement parlent de fuire la City à Londres pour se réfugier en Suisse par exemple, en raison d'une imposition devenue plus lourde, la récente loi qui taxe les bonus à 50% peut apparaître juste et méritée pour certains, démagogique pour d'autres, ou encore inutile.
Car elle s'applique uniquement aux bonus versés entre décembre et avril, n'est pas renouvelable, et je ne parle même pas d'autres parades assez élémentaires (transformer rémunération variable en fixe pour une année par exemple). Bref, je fais le pari que cela rapportera moins que les 500 millions prévus.
La France a sauté sur l'occasion pour imposer une législation comparable, qui sera peut-être même plus sévère et durable, alors que les banques françaises ont été bien moins touchées par la crise et aidées par le gouvernement, et qu'elles ont adopté avant tout le monde des pratiques plus responsables (certains diraient moins irresponsables) concernant les bonus. Bref, alors qu'on parlait de renforcer la compétitivité de la place financière parisienne il y a quelques mois ou années, on risque de disparaître du top 10 mondial (ce qui est déjà quasiment le cas...). Mais bon, c'est un choix.
Là où cela devient ironique, c'est que les Etats-Unis ne feront rien de similaire (logique), ni le Japon, la Suisse, les autres pays Asiatiques, et même l'Allemagne, qui par l'intermédiaire d'Angela Merkel trouvait l'idée de taxe sur les bonus "séduisante", laissera les Français être les seuls à s'imposer un handicap supplémentaire dans la compétition internationale.
PS: là encore, je répète, si on parlait d'éthique, les conclusions pourraient être bien différentes.
jeudi 30 avril 2009
Brèves
Quelques brèves:
A) Arlen Specter, sénateur républicain vétéran de Pennsylvanie, décide de passer chez les Démocrates. Ses anciens amis lui reprochent de n'avoir été toute sa carrière qu'un RINO (republican in name only) et de vouloir ainsi éviter une primaire républicaine quasi perdue d'avance l'an prochain. Les démocrates savourent leur victoire, tout en calmant un peu leurs supporters qui voient avec cette arrivée le Parti de l'Âne atteindre le seuil fatidique de 60 Sénateurs, ce qui leur permettrait en théorie une plus grande marge de manoeuvre lors du vote des lois. En effet, on se doit de rappeler, qu'aux Etats-Unis, il est extrêmement rare que les partis votent à l'unisson, d'une part car les deux grands partis recouvrent chacun un spectre très large sur l'échiquier politique, mais également parce que les Sénateurs sont bien plus inquiets du verdict de leurs électeurs tous les 2 ou 6 ans que de l'opinion de l'exécutif à leur égard.
B)J'aime beaucoup quand un journaliste d'un grand quotidien parisien lance des accusations assez graves contre une grande banque Française, que ces accusations sont démentis rapidement, que les marchés ignorent quasiment cet article et que l'histoire est presque oubliée trois jours après. Ceci étant dit, le contenu de l'article était plus intéressant que les titres ridicules (du genre "10 milliards de perte: une nouvelle affaire Kerviel?" alors qu'il s'agit pour l'instant de dépréciations et que faire un lien entre la fraude Kerviel et les déboires éventuels de la SGAM est un peu tiré par les cheveux). S'agissait-il d'une manoeuvre de déstabilisation? D'un coup de pub? Ou ce journaliste a-t-il vraiment vu avant tout le monde un scandale qui éclatera dans les prochains mois? Faites vos jeux...
C)En ces temps de panique mondiale, de pandémie niveau 5, d'état d'urgence, d'alerte rouge, bref, disons-le tout de suite pour évacuer la pression, de quasi fin du monde, je reçois de nombreux appels de personnes inquiètes par la situation en Californie actuellement, et je tiens à être quelque peu rassurant en rappelant tout de même qu'il n'y a pas plus de cas dans l'ouest des Etats-Unis qu'en Europe occidentale, et que les gens ne restent pas (encore) calfeutrés chez eux (mais le devraient-ils?). Je rappelle aussi que jusqu'à présent, le virus de la grippe nord-américaine (plus politiquement correct que la grippe porcine paraît-il) est sensible au Tamiflu et au Relenza, et qu'en dehors du Mexique, il n'y a pas eu de décès enregistré parmi des personnes "non-sensibles" (enfants en bas âge et personnes âgées) qui se sont soignées. Il y en aura vraisemblablement à l'avenir, mais on espère une grande vigilance médicale dans tous les pays. Evidemment, le taux de mortalité, de l'ordre de 0.5 à 5% apparemment (mais à prendre avec des pincettes), est préoccupant, surtout en cas de pandémie, mais ce n'est pas Ebola et ses 89% de victimes. Surtout, outre la mortalité, dure à estimer, la morbidité est également un facteur important.
Bref, loin de moi l'idée de minimiser ce qui sera peut-être la plus importante pandémie de ce début de siècle, mais on peut être prudent (limiter les grands rassemblements de foule, porter un masque dans les transports en commun, éviter de faire un petit break à Cancun) sans sombrer dans la panique. Pour ceux qui y résistent, c'est le moment de relire et revoir ses classiques, la Peste de Camus, ou pour ceux que la littérature rebute, dans un autre genre, 28 days later, I am Legend, 12 monkeys et Outbreak. Tout de même, j'en veux un peu aux médias, que ce soit ici ou en France, lorsqu'ils affichent sur une carte l'évolution des cas suspectés et mettent en rouge clignotant l'immense Canada et ses 10000000 de kilomètres carrés dès qu'on y a suspecté... 6 cas; ou lorsqu'ils oublient de préciser que lorsque Schwarzenegger déclare en prévention l'état d'urgence en Californie, les responsables de la Santé publique aux Etats-Unis ajoutent que les symptômes de cette grippe ne sont pas vraiment très différents d'une grippe traditionnelle (qui tue d'ailleurs, je le rappelle, 500000 personnes dans le monde chaque année).
PS: et pour détendre un peu l'atmosphère, n'oubliez pas que la grippe porcine n'est peut-être pas la chose la plus dangereuse venant du Mexique: http://www.nbc.com/Saturday_Night_Live/video/clips/taco-town/229053/
mercredi 8 avril 2009
L'argent des Français
- Le revenu moyen des Français s'est considérablement accru depuis deux cents ans (en monnaie constante), et ce malgré une première moitié du vingtième siècle assez catastrophique. Mais depuis cinquante ans, malgré une progression annuelle en apparence faible (1.6%), ce revenu progresse toujours, notamment pour les plus pauvres, mais les classes moyennes peuvent se sentir un peu lésées.
- Le patrimoine des Français était considérable au début du siècle, a ensuite dramatiquement chuté, avant d'augmenter considérablement depuis trente ans, grâce à la flambée de la Bourse et à des mesures libérales le plus souvent prises par les Socialistes (!).
- Les inégalités se sont assez largement réduites, il n'y a qu'à examiner les rapports interdéciles au fil des ans, ou l'indice de Gini, pour constater que la France est l'un des pays les moins inégalitaires dans le monde. Mais les injustices peuvent par contre croître, comme en ce qui concerne les différences entre régimes de retraite. Et on peut se demander si une société plus dynamique, plus mobile (socialement parlant) mais un peu plus inégalitaire n'est parfois pas préférable à la morosité collective actuelle.
- Jacques Marseille aborde ensuite la question de l'inflation, en constatant que le pouvoir d'achat ne se réduit qu'en de très rares occasions en France depuis des années, même si la perception peut être différente, avec la hausse sensible des prix de biens de consommation courante qui ne représentent finalement qu'une faible partie des dépenses du ménage moyen, ou avec la hausse des dépenses ressenties comme des contraintes, qui n'existaient pas il y a quelques années (abonnements des portables, internet, etc). Plus original, l'auteur attaque le dogme selon lequel l'inflation est une mauvaise chose, en évoquant des périodes ou des pays ou souvent, une forte croissance rime avec une inflation non négligeable.
- En ce qui concerne les impôts, Jacques Marseille s'en prend à notre fiscalité lourde et complexe, et prône l'instauration d'une "flat tax" identique pour tous, qui est bien plus égalitaire qu'elle ne paraît, si elle est couplée avec la disparition des niches fiscales, surexploitées par les riches (qui ne sont d'ailleurs pas épargnés dans le livre, notamment les grands patrons). Autres idées: la suppression de l'ISF et la création d'une TVA sociale, en s'inspirant d'autres pays européens dont on nous vante pourtant souvent le modèle social et éducatif(Danemark ...). Idée amusante: on devrait payer aux salariés l'intégralité de leur salaire plus les prestations sociales (retraite, santé) qu'ils devraient ensuite eux-mêmes régler, afin de faire prendre conscience du poids des charges.
- Enfin, dans un dernier châpitre un brin utopique, l'auteur tente de montrer que l'on pourrait remplacer la totalité des prestations sociales (chômage, retraite, allocations, bref, tout), par une allocation de 750€ pour tous les Français perçue tout au long de la vie... en leur faisant confiance pour l'utilisation de cette somme.
PS: petit aparté en ce qui concerne la rémunération des patrons et tous les excès que l'on a connus récemment. On peut lire à ce propos le (vieil) article de Sherwin Rosen, "Economics of Superstars", où il justifie le fait que certaines "stars" soient payées de manière démesurée parce qu'elles sont difficilement remplaçables, et qu'elles génèrent bien plus d'argent qu'elles n'en gagnent elles-mêmes. Ceci vaut pour les stars de la chanson, les sportifs de haut niveau etc... Je pense que cela peut également s'appliquer à certains grands patrons, Ghosn à l'époque de Nissan, Lindsay Owen-Jones à l'Oreal... mais ce n'est clairement pas le cas de tous aujourd'hui (et j'aimerais d'ailleurs qu'on ne fasse pas d'amalgame entre ces quelques dizaines d'excès, certes totalement indécents, et les deux millions de petits patrons français qui touchent pour la plupart deux ou trois mille euros par mois).
Le problème est que les grands patrons, même ceux dont l'entreprise n'est pas performante, voient leur salaire augmenter, et même parfois dépasser ceux des patrons performants. Scandaleux, sûrement, mais ce n'est pas un phénomène économique unique. En effet, il n'y a qu'à voir les niveaux élevés de salaires pratiqués pour des joueurs football qui ne sont même pas titulaires dans leur club en Europe (salaires qui leur sont garantis même en cas de contre-performances durables!), ou pire encore, en NBA (et des exemples de joueurs médiocres gagnant des millions de dollars par an sont légions, Juwan Howard par exemple...).
Bref, je n'excuse pas les dérives de ces derniers temps, mais il faut éviter de trouver des boucs émissaires à tout prix en gardant des oeillères vis à vis d'autres domaines tout aussi scandaleux. Surtout que beaucoup de ces grands patrons n'ont pas forcément plus de responsabilités dans la crise que d'autres personnes (si on parlait des agences de notation, des brokers immobiliers américains ou des équipes d'investissement en dérivés de crédit de certaines institutions financières, ce serait différent...)
samedi 4 avril 2009
Facebook, vie privée et travail.
Un petit exemple, dans lequel se reconnaitront les traders de nombreuses salles de marché, je vous laisse deviner quel est la première chose que certains font lorsqu'ils reçoivent le CV d'une demoiselle qui postule par exemple à un stage d'assistant trader ou sales...
mercredi 25 février 2009
Start-ups and Entrepreneurship career fair
Aujourd'hui en tout cas, c est clair, il y avait 60% de start-ups dans le domaine informatique au sens large, 30% dans le domaine biomédical, et 10% un peu "exotiques". Malheureusement rien de bien intéressant pour ceux qui n'ont pas un diplôme en informatique, biologie, ou un MBA pour l'aspect management, meme si je pense que les profils interdisciplinaires sont intéressants (biologie/informatique; analyse de données/management etc).
D'ailleurs, j'ai vu plusieurs personnes qui étudient a des milliers de kilomètres de la venir tenter leur chance (dont notamment pas mal d'étudiants dans des MBA prestigieux de la cote est qui m ont révélé toute la difficulté qu ils avaient a trouver un simple stage). De quoi reflechir un peu avant d'investir des dizaines de milliers de dollars dans un diplôme.
Aparté: attention, un MBA dans une bonne fac, c'est tres bien, notamment en tant que career-changer, meme si la periode actuelle n est vraiment pas bonne. Il ne faut pas croire en faisant un MBA que les millions tomberont tous seuls dans le porte-monnaie. D'ailleurs, l'enquête de Business Week sur les salaires des diplômes de MBA apres 5,10 ou 20 ans de carrière illustrent bien cela (http://bwnt.businessweek.com/interactive_reports/mba_pay_2009/). Je ne suis pas certains que la plupart des étudiants de Chicago Booth par exemple, un MBA du fameux top 7, se satisferaient vraiment de 170000$ de salaire apres 20 ans de carrière...
samedi 21 février 2009
Message destiné aux ex-futurs ingénieurs financiers désespérés
Alors, que peut-on faire, lorsque l'on a des connaissances assez poussées en mathématiques appliquées, et que l'on cherche à les utiliser dans d'autres domaines? Quelques pistes, en vrac, et vous me pardonnerez mes éventuelles imprécisions. On peut utiliser ses connaissances:
- En traitement du signal afin d'aider à améliorer les nouveaux systèmes d'imagerie médicale, ou bien (totalement autre choses), travailler dans le domaine de l'armement, en perfectionnant les méthodes de détection radar
- En modélisation et méthodes numériques afin d'aider ses camarades ingénieurs dans d'autres domaines (mécanique notamment) à améliorer leurs modèles de simulation.
- En optimisation et recherche opérationnelle afin d'aider de grands groupes industriels à optimiser leurs réseaux logistiques (distribution, transport...)
- En modélisation probabiliste afin d'étudier la relation entre les protocoles réseau et les files d'attente
- En modélisation statistique afin d'explorer les facteurs de coûts ou encore les cibles marketing d'un géant du high-tech
- En analyse de données afin d'aider une start-up en biotechnologies à détecter des "patterns" lors d'analyses génétiques
jeudi 19 février 2009
Masters en mathématiques financières, 2009-2010
Reste à voir si d'autres universités, qui prenaient un peu les candidats de ce genre de masters pour des vaches à lait, vont suivre la tendance. Et même en France, je ne vois vraiment pas pourquoi le Master El Karoui continuerait à admettre une centaine de candidats par an, tout en sachant très bien qu'une petite moitié trouvera un job intéressant à la fin.
samedi 14 février 2009
Protectionnisme
Désolé pour la longue interruption, mais les dernières semaines ont été assez bien remplies. Tout le monde s'agite dans l'espoir de trouver un stage ou un emploi, ce qui n'est pas évident alors que de nombreuses entreprises licencient leurs employés par milliers.
C'est dans ce contexte qu'un amendement a été voté, discrètement, au Sénat américain, en fin de semaine. Pour simplifier, celui-ci stipule que les entreprises ayant reçu une aide de l'Etat (et donc des Américains, via leurs impôts), ce qui inclue notamment les banques -mais ce groupe s'élargit chaque mois un peu plus-, ces entreprises, donc, ne pourront plus embaucher d'étrangers sous Visa H1-B, qui étaient jusqu'à présent désignés sous le nom de "main d'oeuvre hautement qualifiée". Si pour un poste dans une de ces entreprises, un Américain est en concurrence avec un étranger, l'Américain sera embauché. Du moins si le texte est strictement appliqué, peut-être y aura-t-il des parades.
Ceci est en totale contradiction avec les lois passées depuis quelques années, qui au contraire permettaient aux immigrants très qualifiés ayant étudié aux Etats-Unis, dans de nombreux domaines, de travailler encore plus longtemps aux Etats-Unis avant d'obtenir le fameux Visa H1-B.
Bref, une vraie mesure protectionniste, peut-être temporaire, mais en tout cas à l'efficacité douteuse, et en contradiction avec bon nombre de valeurs qui ont fait des Etats-Unis la première puissance au monde (voir l'article de Thomas Friedman dans le NY Times: http://www.nytimes.com/2009/02/11/opinion/11friedman.html )
Ceci vient tout simplement d'annihiler les derniers espoirs des étudiants étrangers qui souhaitaient travailler dans la finance. Bien sûr, on avait déjà constaté une légère tendance des banques ou des hedge funds à privilégier les candidats nationaux, pour ne pas poser de problème supplémentaire, mais là au moins, c'est clair, et triste.
vendredi 16 janvier 2009
Madoff, Ponzi et autres
Cet article (http://online.wsj.com/documents/Madoff_SECdocs_20081217.pdf) est en fait une lettre écrite à la SEC (le gendarme de la bourse aux Etats-Unis) il y a quelques années afin de les alerter à propos du caractère frauduleux du fond de Madoff, le plus gros de l'époque (et la fraude révélée depuis concerne, je le rappelle, près de 50 milliards de $, pour ceux qui reviendraient de Corée du Nord). Ce document tend à prouver que derrière Madoff, il y avait soit la présence de délits d'initiés massifs, soit, plus probablement, une pyramide Ponzzi.
Tout y est: les principaux mécanismes de la fraude, quelques exemples de combines louches, les raisons pour lesquelles les rendements obtenus par Madoff étaient irréalistes compte tenu de sa stratégie (notamment le fait qu'il n'y avait pas assez de produits dérivés disponibles sur le marché pour faire fonctionner ses méthodes miraculeuses).
Pourquoi cela n'a-t-il pas été écouté:
- la SEC reçoit des milliers de mails ou de couriers tous les jours, dont de nombreuses dénonciations (calomnieuses ou non). Le fait de s'attaquer au plus gros hedge fund du moment devait peut-être sembler "trop gros".
- Ce courrier n'était au début pas signé. Ensuite, il s'est avéré que l'auteur était issu d'une compagnie concurrente de celle de Bernie. De quoi renforcer la suspicion d'attaque calomnieuse.
- Le style de l'article est brouillon et assez vindicatif, cela ne donne pas l'impression d'un document rationnel et valable légalement. Comme quoi, la forme compte beaucoup.
lundi 3 novembre 2008
Démagogie
samedi 25 octobre 2008
De la finance et du suspense de l'élection
- Sauf effet Bradley '82 ou évènement exceptionnel d'ici une semaine, Obama devrait tranquillement s'imposer. A moins de perde l'Ohio, la Floride, la Virginie, le Colorado et le Nevada, ce qui fait beaucoup. Ici on parle davantage des autres propositions pour lesquelles on votera également dans 10 jours, notamment la fameuse proposition 8 pour l'interdiction du marriage gay en Californie.
- La finance, ça va mal. Je ne parle même pas de la bourse ou de l'économie réelle, mais des perspectives pour les jeunes diplômés. En marché, les grandes banques n'embauchent pas, sauf ponctuellement quelques personnes pour remplacer des départs, avec évidemment des milliers de candidats pour chaque poste. C'est à peine mieux en corporate, où certaines banques ont annulé leur graduate program ou l'ont reporté à l'an prochain. Les seuls qui semblent embaucher encore sont les hedge funds et les prop trading firms, mais là encore, la compétition est intense, et il est très dur dans ce milieu très opaque de discerner les bonnes boites des mauvaises...
lundi 4 août 2008
Top 10 quant schools
Il n'y avait pas réellement de classement récent des meilleurs masters en mathématiques financières aux Etats-Unis. Tout juste un vieux classement de 2003 réalisé par Global-Derivatives. L'erreur est en partie corrigée avec la publication par "Advanced Trading" des "top 10 quant schools", les meilleures facs où sont formés les futurs cadres de la finance quantitative ( http://www.advancedtrading.com/feed/showArticle.jhtml?articleID=209102204&cid=RSSfeed_AT_All ).
Le classement a été réalisé par des professionnels, principalement selon des critères de recrutement à Wall Street. Cette méthodologie est évidemment contestable et partielle, mais au moins, on a une liste de 10 masters reconnus, et 4 venant ensuite avec mention honorable.
Le top 10 des masters (en financial math ou financial engineering...) est donc (sans ordre particulier):
Carnegie Mellon, Columbia, Cornell, NYU, Princeton, Rutgers, Stanford, Chicago, Michigan, Berkeley, puis avec mention honorable: Baruch, Boston U, Georgia Tech et Toronto.
Bon, my 2 cents: je distingue plusieurs groupes (classement évidemment subjectif et peut-être de mauvaise fois, mais je me base essentiellement sur la sélectivité, les désistements croisés, la qualité ressentie des cours par les personnes que je connais qui y sont passées, le brand-name ainsi que les débouchés à la sortie, mais en ce moment c'est funky...) : Princeton, Berkeley, NYU, Stanford, puis Columbia, Carnegie Mellon; Chicago un chouilla détaché; Cornell, Michigan; Toronto, Baruch, Rutgers; le reste...
vendredi 27 juin 2008
Foot et finance, ou comment gagner de l'argent à coup sûr
- Qu'il va redescendre sous peu.
- Que l'autre va le suivre sous peu.
Si on le vend (à découvert), et que l'on achète l'autre, on est donc quasi-assurer de faire un bénéfice. Bon, bien sûr, dès qu'un arbitrage existant existe, les gens se ruent dessus, et donc il disparait...
Ce dimanche, donc votre collègue de bureau allemand (appelons-le Hans), très patriotique et surtout confiant, parie avec vous 100€ que les allemands vont gagner. Bon, 100€, c'est pas évident, les fins de mois sont difficiles, bref, vous n'êtes pas trop attirés par ce pari, même si vous pensez que l'Espagne est un peu favorite. La solution? Les actions ou les matières premières ne sont pas les seuls actifs à être cotés. On peut aussi considérer les paris, sportifs notamment (et leurs analogues les marchés de prédiction). Sur le site Betfair (illégal en France pour le moment mais plus pour très longtemps), les cotes ne sont pas fixes mais dépendent de l'offre et de la demande, comme des actions. Et vous y jetez un coup d'oeil: l'Espagne est à 1.69 (favorite, donc cela veut dire que si vous misez 1€ et que l'Espagne s'impose, vous gagnerez 69 centimes en plus), l'Allemagne à 2.44.
Un peu de maths (de base). On applique la stratégie précédente. En fait, votre collègue vous propose un pari de 100€ à la cote de 2 (pour l'Espagne), ce qui est très sympathique car cette offre est largement plus favorable que celle proposée par le marché. Il faudrait donc pour réaliser un arbitrage accepter ce pari et souscrire à l'offre inverse sur le site de pari en ligne (si ça devenait légal, bien sûr).
Ainsi, si vous misez (par exemple) 90€ sur l'Allemagne sur betfair, il y a deux possibilités.
- l'Allemagne s'impose, votre collègue est fou de joie, vous lui donner 100€. Mais betfair vous donne un gain net de 90*1.44 soit 129.6€ . Votre profit net est donc de 29.6€
- l'Allemagne perd, votre collègue fait la gueule, vous gagnez 100€. mais comme vous vous êtes couvert (joli "hedge"!) contre le risque avec betfair, vous y avez perdu 90€, donc votre gain net n'est que de 10 euros. Mais quoi qu'il arrive vous gagnez.
En fait, si vous voulez gagner à coup sûr, il ne faut pas miser plus de 100€ sur l'Allemagne, mais aussi pas moins de 100/1.44 (la somme à miser pour gagner 100€ si l'Allemagne s'impose) soit 69,44€. Si vous pensez que l'Espagne a nettement plus de chances de s'imposer, vous pouvez favoriser un scénario vous donnant plus d'argent si l'Espagne s'impose, donc en misant moins sur l'Allemagne (par exemple 75 ou 80€); et inversement.
Si vous ne connaissez rien au foot et que vous voulez quoi qu'il arrive gagner une somme fixe, à coup sûr, quel que soit le scénario, il suffit de trouver la somme S telle que les deux gains soient égaux, soit 1.44*S-100=100-S ou encore S=82€ (environ). Et voilà un profit de 18€ rien que pour vous, quoi qu'il arrive.
Reste juste à trouver un ami avec qui miser à une cote qui vous arrange vu l'état du marché des paris...
PS: Merci à celui qui m'a donné l'idée d'écrire ce petit article, comme quoi, ça sert à tout les stages en finance.
samedi 7 juin 2008
Le pétrole cher
- En France, les taxes exceptionnelles ont tendance à devenir permanentes
- On n'a jamais vu une taxe faire baisser les prix
- On pourrait également appeler cette taxe la taxe "Total", c'est la seule très grande compagnie française
- Total fait 90% de ses bénéfices à l'étranger, où elle paye déjà des taxes considérables aux pays où elle exploite les ressources, et non en vendant de l'essence en France
- Corollaire: il n'y a pas grand chose qui empêcherait Total de changer de siège social si cette taxe était votée, et ainsi d'échapper à la législation
- Surtout s'il n'y a pas d'harmonisation européenne
- Et même s'il y en avait une 'improbable avec les anglais), ce serait un désavantage compétitif fort par rapport aux américaines
- Il y a une flambée du pétrole, mais pour combien de temps, jusqu'à quand en restera-t-il? Que faire après?
Attention, on pourrait croire que je suis catégoriquement opposé à cette mesure, il n'en est rien, c'est juste que constituer un fonds d'aide grâce à cet impôt n'est qu'une mesure temporaire qui ne change en rien le problème de fond: avec l'augmentation de la demande des pays émergents et la stagnation de l'offre, ainsi que l'épuisement des ressources à moyen ou long terme, nous sommes condamnés au pétrole cher. Il va falloir changer nos habitudes de consommation, de transport. Les professions qui utilisent énormément d'essence devront répercuter cela sur leur prix ou évoluer. Plus facile à dire qu'à faire, certes. Mais c'est une mutation d'importance.
Dernière mesurette: plutôt que taxer, pourquoi ne pas inciter à investir dans le développement de sources d'énergie alternatives?
samedi 26 avril 2008
2 semaines
- Mes parents s'inquiètent. J'ai perdu 3 kilos en trois semaines et j'ai des cernes énormes sous les yeux. Pourtant ça va bien, bon 45-50 heures par semaine c'est pas rien pour de la finance de marché mais il y a bien pire ailleurs, et mes potes en corporate finance (M&A ou Private equity) font plutôt du 60 heures par semaine, sans oublier quelques heures éventuellement le week-end (et encore, période très calme paraît-il).
- Ca m'intéresse toujours.
- Le PSG en ligue 2, c'est pas possible, je veux pas voir PSG-Tours l'an prochain au parc (bon en même temps je serai pas là...)
- Le dernier épisode de MIMYM était... déroutant.
- Hillary va continuer encore pendant un ptit moment... belle victoire en Pennsylvanie, mais Obama tient toujours la corde et, sur un plan rationnel, reste clairement favori.
- Je parle moins de politique française sur ce blog, mais Sarkozy était interviewé jeudi soir pour une sorte de bilan année N+1. Sur la forme, c'était assez sobre, bien documenté, assez pédagogique, bon du Sarko si on l'apprécie (et sans doute horripilant si on ne le supporte pas). Un peu de démagogie toutefois. Sur le fond... bon j'ai pas mal aimé la partie politique internationale. Sur l'économie, le problème est que ça part un peu dans tous les sens, on s'endette, on veut faire plaisir aux libéraux, aux conservateurs et aux "patriotes" (ce qui est impossible en même temps) et on oublie que tout compte fait on a vraiment peu d'influence sur l'économie du pays (et ça sert à rien de s'agitter dans une usine d'Arcelor-Mittal ou de tempêter contre l'attitude de la SG en faisant les gros yeux). La seule chose à faire, c'est de retirer les contraintes qui bloquent l'économie, en s'inspirant des réussites de nos voisins européens (assurance chômage, flexibilité...), tout en tentant de préserver le "bien-être social" (dûr à dire alors que les Français n'ont pas le moral, mais ça pourrait être bien pire, d'ailleurs c'est ce que les Français anticipent en épargnant, donc ils consomment moins, donc la croissance est plus faible vu qu'on exporte pas grand chose par ailleurs, bref, cercle vicieux). Bon, l'euro, le pétrole, les subprimes, ça n'arrange rien. J'accueille également avec un a priori positif les réformes des institutions et de la représentativité des syndicats, même si je crains que la montagne accouche d'une souris, comme dans le cas de la réforme des universités. Enfin, le RSA, pourquoi pas, mais avec quels sous?
Bon en tout cas bon weekend à tous, profitez-en bien.
samedi 19 avril 2008
1 semaine
- Effectivement, la finance, c'est intéressant, et je ne dis pas ça à cause de l'argent, là je suis payé infiniment (bon ok disons nettement) moins que d'autres stagiaires dans le même domaine (bon, disons qu'ils sont dans d'autres villes aussi).
- Mais la recherche en finance, ou plutot en maths financières, c'est un peu frustrant. Certes, il faut problématiser, simuler, back-tester, mais évidemment, ça ne marche pas toujours. Bon, de la recherche, quoi. Mais attention, c'est très appliqué.
- Ca fait bizarre de se lever à 7h le matin cinq jours de suite, ça ne m'était pas arrivé depuis presque un an, tiens.
- Les embouteillages, c'est pénible. Bon bien sûr, le matin il y a RMC à la radio pour rigoler un peu, mais je suis en décalé avec les bonnes émissions que je pouvais avant écouter sans problème (les grands débats avec Nicolas Dauze sur BFM, les Grandes Gueules sur RMC, non non, pas Brigitte Lahaie, même si c'est marrant une fois, bon et bien sûr Luis Attaque en fin d'aprem)
- Le RER ou le Metro, c'est sans doute aussi pénible que les embouteillages.
- Un restaurant d'entreprise, ça peut être très bon. Comme quoi...
- En ce moment, How I met your mother et Desperate Housewives. D'autres suggestions?
- La campagne US me lasse un peu. Je ne comprends pas que les gros scandales (ou faux scandales) habituels dans ce genre d'élection sortent moins rapidement dans la presse qu'il y a quelques semaines (ou peut-être qu'on s'y est habitué). En attendant un feu d'artifice vers l'automne.
lundi 14 avril 2008
La vraie vie
Mais bon, je vais sûrement apprendre quelques trucs intéressants dans les quatre mois qui viennent.
lundi 17 mars 2008
Ca devient critique...
Bon si j'étais absolument rationnel, j'accepterais je premier Corps de l'Etat venu vu que la finance, là, ça commence vraiment à sentir mauvais. Franchement, la Bear Stearns, une des plus grandes banques d'investissement américaines, qui menace de faire faillite et est rachetée ce soir par JP Morgan à 2$ l'action (!), c'est à dire 80 fois moins qu'il y a un an, c'est très moche. Mais vu le bordel dans lequel ils se sont mis, ça vaut surement pas plus.
Je remarque aussi que ce blog manque cruellement d'articles polémiques, mais bon, le salon du livre par exemple, la plupart des éditorialistes sensés en auront surement mieux parlé que moi.
Bon, municipales, Gauche 49, Droite 47, donc serré, non? En fait non pas trop, dans la mesure où la droite avait gagné il y a six ans et donc la poussée de la gauche se voit particulièrement dans les grandes villes (Paris, Lyon, Toulouse, Strasbourg...). Marseille a résisté mais la consolation est maigre. Alors, sanction, avertissement, encouragement (bon là faut le chercher)? Réponse euh d'ici 5 ans.
Un peu de foot pour finir, performances une nouvelle fois déplorables cette saison en coupe d'Europe pour les clubs français. L'économie joue bien sûr, avec nos taxes trop élevées, notre manque de merchandising, nos stades un peu vieillots. Mais l'état d'esprit ne doit pas être négligé. On continue comme ça et on va repasser derrière l'Allemagne au coefficient UEFA (voire bien pire).